Représentativité des femmes aux élections législatives: «les résultats sont en deçà de nos attentes», selon Bernadette Zida

| 05.12.2015
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Représentativité des femmes aux élections législatives: «les résultats sont en deçà de nos attentes», selon Bernadette Zida
© DR / Autre Presse
Représentativité des femmes aux élections législatives: «les résultats sont en deçà de nos attentes», selon Bernadette Zida
Au Burkina Faso, les femmes représentent plus de la moitié de la population, mais elles ne sont pas suffisamment représentées dans les instances de décision. C’est, du moins, le constat que font certains observateurs. Malgré la lutte menée par les associations de défense et de promotion des droits de la femme, pour faire respecter la loi sur le quota genre, force est de constater que cette loi n’est pas respectée. Pour les législatives du 29 novembre 2015, il n’y a qu’une dizaine de femmes députés sur les 127 devant siéger à l’Assemblée nationale. Alors qu’en 2012, il y avait 24 femmes sur les 127 élus. Afin d’avoir une idée sur l’analyse que la Marche mondiale fait de cette situation, nous avons échangé avec la présidente nationale, Bernadette Zida.


Les Echos du Faso: Quelle analyse pouvez-vous faire de la sous-représentation des femmes dans la future Assemblée nationale?

Bernadette Zida: Pour ces élections couplées de novembre 2015, l’analyse que la Marche mondiale peut faire, c’est que les femmes sont allées en deçà de nos attentes. N’eut été l’existence de la loi sur le quota genre dont les femmes demandent 30% (pas sur les listes, mais 30% au résultat), je peux dire que l’existence de cette loi nous a condamnées davantage. On a beau lutter, plaider, il n’y a pas de changement. En tant que femmes, nous nous posons vraiment la question, car si on regarde la coloration des partis, il y a des femmes engagées, militantes autant que les hommes dans les partis politiques. Au finish pourquoi ce résultat? On peut dire que les hommes nous utilisent comme leurs animatrices.

Qu’est-ce qui explique le faible engagement des femmes en politique?

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Sur le plan financier, les femmes sont excessivement pauvres. Ce n’est pas parce qu’elles ne veulent pas s’engager en politique. 70% des femmes utilisent ce qu’elles gagnent pour s’occuper d’abord de leur famille avant toute autre chose. Aussi, on sent ce faible engagement parce que le taux d’analphabétisme est élevé. Enfin, beaucoup de femmes ne s’engagent pas en politique parce qu’elles ont peur des préjugés disant qu’une femme engagée en politique n’a pas de dignité.

Pourquoi les femmes ne sont pas bien positionnées? Est-ce par manque de compétences?

Ce n’est pas parce que les femmes ne sont pas compétentes ni qu’elles ne savent pas faire la politique qu’elles ne sont pas bien positionnées. C’est l’égoïsme des hommes qui ne veulent pas perdre leurs places qui explique cela. Les hommes ne sont pas plus intelligents que les femmes. Saran Sérémé en est la preuve. A ce sujet, la Marche mondiale a loué le courage de Saran Sérémé, l’unique femme qui a osé créer son parti politique et qui a osé se présenter aux élections présidentielle et législatives. Elle a été classée cinquième et c’est déjà beaucoup pour nous, car malgré le fait qu’elle soit à ses premiers pas, elle a devancé des gens qui étaient depuis des années sur la scène politique.

Comment faire pour impliquer davantage les femmes en politique?

Pour impliquer davantage les femmes en politique, il faut toujours renforcer leurs capacités. La Marche mondiale des femmes en a fait son cheval de bataille. En 2012, nous avons formé 272 candidates sur tout le territoire national. Cette année encore, on a emboîté le même pas, on a renforcé leurs capacités pour qu’elles puissent être à la hauteur, pour qu’elles aient confiance en elles-mêmes pour pouvoir battre la campagne, même après les résultats, qu’elles aillent de l’avant et qu’elles ne soient pas découragées. Le lundi 30 novembre, près d’une quarantaine de femmes se sont rendues chez le Moogho Naaba et c’est notre plaidoyer pour les municipales qui a commencé. Nous avons été soutenues par nos sœurs déployées pour l’observation qui nous ont accompagnées.

Que comptez-vous faire dans l’avenir pour faire respecter cette loi?

On voulait plaider la parité pour les municipales et les législatives, mais on est bien loin de cette parité. Notre lutte ne s’arrêtera pas là, même si on n’arrive pas à avoir les 30% pour ces élections, on espère toujours et on va continuer à plaider.

Interview réalisée par Madina Belemviré

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