Ainsi, hier, sur le coup de 23 heures, alors que nous bouclions l’édition de ce matin 1er décembre 2015, la CENI en était à un peu moins de 80% dans la compilation des résultats des 368 commune.
En ce 30 novembre 2015, c’est-à-dire à J+1, la CENI veut tenir son pari : celui de livrer les résultats de la présidentielle comme l’a promis le président de l’organisation chargée de l’opération électorale, Me Barthélemy Kéré.
Dès le soir du 29 novembre, les Burkinabè avaient déjà soif de chiffres, de résultats, et en dépit des résultats partiels, donnés par la télévision nationale (RNB), qui, soit dit en passant, a fait un travail formidable, les citoyens voulaient davantage de chiffres, et en demandaient avec instance.
C’est que Dame-rumeur, relayée par de nombreux canaux rumoraux, faisaient état tantôt d’un coup KO, tantôt d’un probable second tour, qui devrait opposer Roch Kaboré à Zéphirin Diabré. Au QG de l’UPC de Zéph, on se refuse à tout commentaire, les visages fermés, on pensait au second tour. Silence aussi du côté du siège du MPP, où on se refuse à parler, quand bien même, plus tôt dans la journée, le directeur de la campagne du parti du soleil levant, Salif Diallo, lâchait sibyllin, que le MPP est serein, car il dispose déjà des grandes tendances qui donnent une telle avance à leur candidat, que le KO du 1er tour est irréversible.
Toujours est-il qu’à l’heure où ces lignes sont tracées, avec parcimonie, la compilation des résultats tombait du côté de Ouaga 2000.
On retiendra surtout, que ce sera à 23h50 GMT, que la CENI débutera la proclamation officielle des résultats provisoires, donc on l’aura remarqué, nous sommes toujours le 30 novembre, donc à J+1, le délai calendaire fixé par la CENI.
Pari tenu donc pour cette organisation paritaire, qui, sous de nombreux cieux, est la source du début des contestations électorales, voire des violences postélectorales.
«Epiée» par 18 000 observateurs nationaux et internationaux (CODEL, UEMOA, UE...) les opérations de vote se sont, dans l’ensemble, bien déroulées, à part quelques couacs, inhérents à l’organisation.
A l’heure de ce bouclage du n°441 du présent canard, on se dirigeait donc vers la victoire au premier tour de Roch Kaboré. A moins que par extraordinaire, Zéph ne remonte la pente, car jusqu’à près de 70% du dépouillement, l’écart des points entre le leader du MPP et celui de l’UPC était d’une vingtaine. A telle enseigne qu’on se demandait si la guerre des agrumes aura lieu. Allusion à «l’orange» (couleur du MPP) et au citron (couleur vert de l’UPC).
Premier tour ou second tour, personne ne criera au vol électoral, pour peu qu’on fasse confiance à l’organisation, aux observateurs et à la CENI.
Certes, le directeur de la campagne de l’UPC, Nathanaël, s’est rendu à la CENI pour l’inviter à plus de transparence, une démarche qui suscite quelques interrogations.
Mais quoiqu’il en soit, c’est un scrutin couplé qui a déjà le blanc-seing de la communauté internationale et de la majorité des Burkinabè, qui estiment que la transparence et le sérieux ont été au rendez-vous.
Le mérite en revient à Me Kéré et à ses collaborateurs des CEPI, CECI... qui ont travaillé dur pour échapper à un semblant de «malédiction» qui frappe généralement les commissions électorales, jugées parfois stipendiées par le pouvoir en place, ou incompétentes à organiser des scrutins crédibles. La CENI burkinabè échappe à ces griefs. C’est à l’honneur du Burkina, qui, depuis d’ailleurs fin octobre 2014, est le laborateur d’une nouvelle démocratie, via des révolutions ou insurrections ?.
Joachim de KAIBO