En effet, les politiciens ont compris que pour être fort et respecté, il faut d'abord se faire accepter et élire chez soi. Aussi, chacun voudra mettre de son côté tous les moyens pour être effectivement élu. Si cela a l'avantage de ramener les fils et filles de chaque région chez eux, le risque est que les mêmes fils et filles, divisés par la politique n'adoptent pas le même lancement du développement. En d'autres termes, si le pas purement politicien l'emporte sur celui du vœu ardent de voir sa région se développer, il faut craindre en ce moment l'effet contraire. Au lieu de la cohésion et de la réconciliation tant souhaitées par tous, les Burkinabè seront plus divisés. Et cela sera d'autant plus grave que ce sera à la base : dans les régions, dans les provinces, les départements et même dans les villages.
Les « chassés » du pouvoir par l'insurrection populaire veulent reconquérir leur affaire. Même s'ils disent à qui veut l'entendre qu'ils useront des urnes, il faut être dupe pour ne pas comprendre qu'ils utiliseront tous les autres moyens qui leur permettront de revenir aux affaires. De leur côté, ceux qui se sont servis de l'insurrection pour « chasser » les autres, veulent légitimer sinon légaliser leur affaire à travers les urnes et s'installer aux affaires de l'Etat. Nul doute qu'ils, eux aussi, utiliseront tous les moyens à leur convenance pour parvenir à leurs fins.
Comme on peut donc le constater, et au regard de la recomposition actuelle de la classe politique, basée sur une géopolitique plus ou moins régionaliste, s'il ne faut pas craindre le pire, il faut tout de même le prévenir. Parce qu'au Burkina, et en Afrique de façon générale, on ne vote pas un programme de développement. D'ailleurs les candidats aux élections ne savent pas ce que c'est et ne se foulent pas la rate pour en trouver un. On vote un homme, un parent, un cousin ou un frère. Parce que dit-on, « même s'il ne me donne rien, au moins c'est un parent ». A l'occasion de la cérémonie de lancement de la révision exceptionnelle des listes électorales, le président de transition, Michel Kafando avait dit en substance « que c'est le moment pour vous de vous inscrire et voter des dirigeants capables d'impulser le développement ».
Comme quoi, il est bien et même très bien de voter pour son oncle, son frère, sa sœur ou sa tante, mais il est encore meilleur si celui-ci a un programme de développement pour sa région, sa commune ou même son pays.
Dabaoué Audrianne KANI