Homme de confiance de l'ex-président déchu, Blaise Compaoré, Djibrill Bassolé n'avait jamais montré quel que signe que ce soit qui pourrait laisser croire qu'il descendrait dans l'arène politique.
Comme pour bon nombre de fidèles de la galaxie Compaoré, aucune tête ne voulait se montrer plus haut, tant que Blaise était au pouvoir.
Bjibrill Bassolé ne faisait pas exception à cette règle d'airain, et lorsqu'un journaliste trop obséquieux lui posait la question de savoir s'il pensait au palais présidentiel de Kosyam en se rasant le matin, il bottait soit en touche ou même écourtait l'interview.
Mais en ce qui concerne Bassolé, il n'y avait peut-être pas que cette fidélité à toute épreuve, qui bridait ses ambitions, mais également, la tenue militaire qu'il porte.
Pandore, il ne pouvait pas montrer trop de tropisme présidentiable, et c'est ce qui explique cette tiédeur de ce gendarme déjà affable dans les apparences, mais tranchant comme du silex dans le caractère.
Désormais, aucun des écueils ou supposés tels n'empêchent Djibrill de se mettre sur la ligne de départ à la course à la magistrature suprême : Blaise son pygmalion politique n'est plus président, et un décret présidentiel signé en date du 10 février 2015 donnait une disponibilité au gendarme Bassolé vis-à-vis de l'armée.
Hier 15 mars, l'intéressé qui, du reste, avançait déjà à visage découvert, a officialisé ses intentions, au cours d'un point de presse à son domicile.
«A partir de maintenant, je suis libre de m'engager en politique, d'exercer des fonctions politiques ou internationales», a déclaré le futur champion du parti NAFA, avant de s'envoler pour Dakar au Sénégal.
En fait, si le pandore est en détachement depuis 1999, il lui fallait ce décret pour lever tout quiproquo, surtout à l'heure où l'une des revendications matricielles des Burkinabè dans leur ensemble, est que tout militaire qui veut tâter de la politique, quitte la caserne. Les plus tatillons estiment même qu'il faut rompre avec ses frères d'arme, 5 ans avant de faire la politique. Dans l'ensemble, les Burkinabè souhaitent enfin, l'avènement d'un président civil, car depuis l'indépendance en 1960, sur les 7 présidents, un seul, le premier fut un civil et les Burkinabè œuvrent et souhaitent pour le moment, pour que l'histoire ne repasse pas les képis.
A 6 mois d'une présidentielle aussi ouverte, Djibrill qui ne sera sans doute, pas le seul à troquer la tenue kakie pour le costume trois pièces de civil, peut-être 4 ou 5 autres, sait qu'il lui sera difficile de s'installer dans le fauteuil de son ex-patron, Blaise Compaoré.
Mais auréolé de sa petite expérience, il pourrait jouer un peu les faiseurs de roi, et surtout, se bâtir une carapace de leader politique pour les autres batailles.
Sans doute, peut-il compter sur ses frères du compas et de l'équerre de la franc-maçonnerie, mais surtout, sur les fiefs, tels Dédougou, Nouna et Réo, et des grandes villes comme Ouaga et Bobo, insuffisants sans doute, pour se faire élire président du Faso, mais assez pour se faire son trou au soleil, de l'après-transition.
En tous les cas, comme l'a laissé entendre Djibrill, la disponibilité a une durée de deux ans, et succès ou pas, à cette échéance cruciale, il se voit mal revenir dans les «fonctions de commandement».
Djibrill Bassolé, désormais «carriériste» de la politique ? Possible, même s'il faut toujours se rappeler ses propos du général Mac Arthur qui disait qu'un militaire reste toujours un militaire, a fortiori un général !