L'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, l'organisation du départ de Blaise Compaoré vers la Côte d'Ivoire, les hommes qui dirigent la transition, le rôle du Régiment de la sécurité présidentielle, ont constitué les questions centrales de cette grande interview. Morceaux choisis: «D'une certaine façon, les journées insurrectionnelles ne nous ont pas surpris. (...) J'ai moi-même été l'un des premiers, au titre de la communauté internationale ici au Burkina, à tenir un langage de vérité au président Compaoré sur des risques qu'il prendrait en tentant de modifier l'article 37.
(...) La mise à l'abri du président Compaoré permettait aux nouvelles autorités d'agir de façon propre, sans avoir eu à faire couler le sang. Cette mise à l'abri répondait aussi à des raisons humanitaires. Je crois que personne n'aurait souhaité au Burkina que le Président et son épouse soient agressés physiquement, voire leur vie mise en danger. (...) Je ne sais pas s'il y a un homme des Etats-Unis, un homme de Taïwan, un homme de l'Union européenne. Pour moi c'est celui que les Burkinabè choisiront. (...) il appartient aux Burkinabè de se déterminer et de choisir leurs dirigeants. Et la France se réjouira de travailler avec les nouvelles autorités légitimement élues.»
Elysée serait-il alors en contradiction avec ses ambassadeurs qui sont pourtant les défenseurs de ses intérêts et ses porte-voix dans leurs pays d'accueil? A moins que la FranceAfrique refuse de se faire enterrer au Burkina Faso, et que François Hollande, à la suite de ses prédécesseurs qui font et défont les régimes sur le continent, au gré des intérêts de nos ancêtres les Gaulois, montrer l'incapacité des Burkinabè à se choisir un président. Certes, l'information n'est pas encore confirmée par une source officielle, mais montre à souhait qu'il est difficile de s'empêcher de voir la main des «gendarmes du monde» que sont la France et les Etats-Unis, derrière bien des révolutions, des coups d'Etat ou même des insurrections populaires.