Les élections municipales qui viennent de se dérouler, le 22 mai dernier, sont «un grave recul démocratique», selon l’opposition politique burkinabè, car elles ont été entachées de violences, de fraudes et aussi, de corruption électorale généralisée. Pour Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, dans toutes les localités où il y a eu des cas de violence, il s’est toujours agi du MPP et de son allié, le NTD. «Le MPP a mis en place une stratégie, qui consiste, par tous les moyens, à empêcher le vote là où ses listes sont hors course. C’est très grave pour un parti au pouvoir et qui est supposé donner l’exemple des bonnes pratiques démocratiques», s’est t-il insurgé. Par ailleurs, les opposants disent prendre acte de la décision de la CENI de vouloir reporter les élections dans les communes concernées par les violences, mais sans avoir omis de préciser qu’à cette reprise, seules les listes qui avaient été déjà validées pourront concourir. «L’opposition n’acceptera pas que l’on permette au MPP de revenir dans le jeu», font-ils savoir. Mais pour les initiateurs de la conférence de presse, le plus grave, c’est la corruption électorale généralisée qui a marqué le scrutin. «Le parti au pouvoir, le MPP, a distribué de l’argent comme il ne s’en est jamais vu au Burkina Faso», ont-ils soutenu. Et de s’appuyer sur un écrit du Pr Etienne Traoré, publié dans quelques presses, pour dénoncer les faits de corruption du parti majoritaire. A la question de savoir s’ils ont la preuve de ce qu’ils avancent par rapport à la corruption, ils ont répondu par l’affirmative. Et Victorien Tougouma de dire qu’à Tenkodogo, le MPP a offert des enveloppes contenant des sommes allant de 10 000FCFA à 60 000FCFA, le samedi 21 mai, la veille des votes. Pour Me Gilbert Ouédraogo, dans un des villages du Yatenga, le MPP y a envoyé au moins 100 sacs de riz, offert un chèque de 5 millions, touchable après les votes, et une enveloppe de 500 000FCFA pour les femmes. En plus de cela, ils disent avoir des preuves sonores de ces cas de corruption. Ayant eu un total de 6054 conseillers sur 19 152 sièges pourvus, l’opposition dit avoir abordé ces élections dans une situation financière très difficile, car la subvention de l’Etat qui leur a été remis sous forme de chèque le jeudi 12 mai, n’était disponible dans les comptes en banque que 3 jours plus tard, soit 4 jours avant la fin de la campagne. Revenant sur d’autres faits de l’actualité, les échanges ont porté sur la nomination de Lassané Sawadogo à la tête de la Caisse nationale de sécurité sociale, l’endormissement de certains OSC «dont certaines se sont hélas, soit compromises, soit inféodées au nouveau régime». Par rapport à cela, un appel a été lancé aux OSC sincères non compromises, à assumer leur rôle traditionnel de vigie, pour surveiller la gouvernance nationale. Ils n’ont pas manqué de revenir sur l’attaque terroriste de Koutoukou dans le Soum, la loi 081, ainsi que l’ambiguïté qui a entouré l’annulation des mandats d’arrêt dans l’affaire du putsch manqué. En somme, force est de constater que dans une directive sur la mise en place des conseillers municipaux, le CFOP a invité ses élus locaux à «refuser toute corruption, à travailler dans l’unité et la discipline, et à être d’honnêtes serviteurs de leurs cités».
Larissa KABORE