La conquête de la mairie de Ouahigouya a toujours été âprement disputée. Pour les dernières municipales, toute l’opposition s’est coalisée contre le MPP. Cette stratégie d’envergure nationale, selon Saïdou Saouadogo, leader de l’ADF/RDA du Yatenga, a été bien appréciée, car elle ne s’imposait pas à tout parti membre. Elle demandait plutôt la formation qui le voulait de soutenir le parti favori dans la commune convoitée. Il s’agissait de permettre aux anciens alliés déchus, du fait de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, de reconquérir les mairies perdues. A Ouahigouya, cette union sacrée a plutôt prévalu, contrairement à une bonne partie des localités du Burkina. Ainsi l’ADF/RDA a été soutenue par de grandes formations politiques : l’Union pour le progrès et le changement de Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, le Congrès pour la démocratie et le progrès, ancienne majorité au pouvoir et déchue par le soulèvement de 2014, et tant d’autres partis qui combattent la majorité dont Salif Diallo, président de l’Assemblée nationale et leader dans le Yatenga.
En deux semaines de campagne, aucun de ses adversaires ne s’est montré percutant. La stratégie du porte à porte a plutôt fait recette. Un seul meeting de la coalition à la clôture de la campagne. Pendant ce temps, Salif Diallo présidait la cérémonie d’inauguration d’une mosquée et de la Fondation El Hadj Ali Gouga, deux infrastructures construites pas le richissime opérateur économique Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi. Rarement campagne électorale n’aura été aussi morose. Pas plus que ne le sera le scrutin du dimanche 22 mai. Alors que celui des présidentielle et législatives du 29 novembre 2015 drainait des foules d’électeurs, l’on a assisté, cette fois-ci, à des votes aux compte-gouttes. Les résultats provisoires, sitôt les bureaux de votes fermés à 18 heures, n’ont pas tardé à se répandre comme une traînée de poudre. Les résultats provisoires donnent dans la commune de Ouahigouya, 82 sièges au MPP et 31 à l’ADF/RDA. Aux environs de 20 heures, Salif Diallo entre, en triomphe, au siège de son parti et rassure la foule de militants en liesse. Une scène qui ressemble fort étrangement à celle de 1995. Cette année, lors des premières municipales du 12 février, après le référendum du 2 juin 1991, l’ODP/MT, parti au pouvoir, avait battu le RDA, alors dirigé par Gérard Kango Ouédraogo, défunt père de l’actuel président de l’ADF/RDA de Gilbert N. Ouédraogo. Comme il y a vingt et un ans, le même Salif Diallo avait conduit sa machine électorale à bon port. Un meeting avait eu lieu place de la Nation, avant qu’il ne rentre à Ouagadougou.
En 2016, le souvenir est encore vivace et les municipales, un goût amer pour l’ADF/RDA dont le représentant Saïdou Saouadogo, a justifié le score peu réconfortant par les moyens disproportionnés entre les forces en présence. En outre, beaucoup de militants ne comprenaient pas le bien-fondé de cette alliance dite contre-nature entre l’ADF/RDA et certains partis politiques «ennemis d’hier». «Malheureusement, explique Saïdou Saouadogo, la sensibilisation nécessitait beaucoup de moyens pour les en convaincre».
BAYALA de Bonyolo