Les raisons pour lesquelles il ne faut pas exclure des Burkinabè des élections

| 03.04.2015
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Les raisons pour lesquelles il ne faut pas exclure des Burkinabè des élections
© DR / Autre Presse
Les raisons pour lesquelles il ne faut pas exclure des Burkinabè des élections
Pour réussir les prochaines élections générales, le Code électoral est en révision. En plus des propositions du gouvernement, les « députés de la transition » veulent ajouter les leurs pour exclure des personnalités et ouvrir le boulevard aux « nouveaux maîtres » du pays.Augmentation à 50 millions la caution pour la présidentielle et 10 000 F CFA pour les législatives et municipales, conditions d'éligibilité des militaires. Exclusion de l'ex-majorité (CDP et Mouvance présidentielle) des prochaines élections présidentielles, législatives et municipales. Exclusion de tous ceux qui ont ouvertement soutenu la modification de l'article 37. Autorisation des candidatures indépendantes aux législatives et aux municipales sont entre autres, les nouveaux éléments qu'on cherche à introduire dans le Code électoral en vue des prochaines élections présidentielles et législatives. Le vote pourrait avoir lieu le 7 avril prochain au Conseil national de transition.


Si le gouvernement s'est gardé de parler de l'inéligibilité de certaines personnalités et des candidatures des militaires, les membres de la Commission affaires générales du CNT n'aurait pas hésité un seul instant à demander l'introduction de ces points dans le nouveau Code. Ainsi donc, après avoir réussi à écarter les Burkinabè de l'extérieur, c'est un pan important de la population qu'on veut exclure des prochaines élections si ces dispositions venaient à être introduites et votées. Car, quoi qu'on dise, ceux qu'on veut exclure ont des militants et des sympathisants qui n'iront pas aux élections si toutefois leurs candidats sont effectivement exclus. Que ce soit des militaires ou des civils. Si ce Code électoral venait à être voté tel quel, c'est que les élections prochaines se dérouleront sans une partie des Burkinabè de l'intérieur comme de l'extérieur.

Ce qui sera contraire à la Charte de la transition qui recommande la tolérance et l'inclusion. En outre, ce sera contraire à la Constitution dont la protection contre toute révision a conduit à l'insurrection populaire. Car, à son tour, elle a prévu que tous les Burkinabè soient égaux en droits et en devoirs. L'exclusion de Burkinabè de participation à des élections, pour quelles que raisons que ce soit, portera un coup dur à la transition et à la cohésion nationale.

C'est pourquoi Sy Shériff et ses camarades « députés » devront avoir à l'esprit que la cohésion nationale et la paix recommandent que chacun travaille dans le sens de l'unité des Burkinabè. Si l'insurrection a eu lieu, c'est parce que des Burkinabè s'étaient sentis exclus de la vie de leur nation. Si l'insurrection a eu lieu, c'est aussi parce que des Burkinabè ont estimé que l'appareil d'Etat était confisqué par une poignée de Burkinabè. En excluant des Burkinabè, on retombe exactement dans les travers du régime déchu. Autrement, on aura fait le lit de revendications probables.

Du reste, les Burkinabè ne sont pas si amnésiques. Ils savent bien qui a fait quoi, à quel moment et pour quelle raison. Ils sont assez mâtures pour sanctionner le jour du vote ceux qu'ils ne veulent pas voir dans le dispositif de gestion de l'Etat. C'est leur faire l'injure de croire qu'ils ne savent pas ce qu'ils veulent, qui ils doivent voter. Il faut donc leur laisser le choix.

Dabaoué Audrianne KANI

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