Présente au Burkina Faso depuis le 5 septembre dernier pour le suivi du processus électoral,la mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE) a livré son premier rapport au cours d’une conférence, le mardi 1er décembre 2015, à Ouagadougou. D’une manière générale, la mission a salué le bon déroulement de la présidentielle et des législatives, dans un climat de calme et de sérénité. Selon le chef observateur de la MOE-UE, Cécile Kashetu Kyenge, les 124 observateurs ont suivi, le jour des élections, les opérations d’ouverture, de vote, de clôture et de dépouillement des résultats dans 571 dans les 13 régions du pays. Il ressort de ces observations qu’en dépit de quelques rares cas de propagande « sans incident notable » relevés, le scrutin s’est déroulé dans un environnement propice dans 94,10% des bureaux de vote. « Ce processus a été marqué par le professionnalisme du personnel de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dont la performance a été évaluée comme positive dans 97,40% des bureaux de vote, garantissant ainsi une transparence optimale dans 95% des endroits observés », a précisé Cécile Kashetu Kyenge. En ce qui concerne le travail des Centres communaux de Compilation des Résultats (CCCR), la MOE-UE a évalué positivement la transparence du processus de centralisation dans 87% des centres. Le chef observateur de la MOE-UE a salué la participation et les sens civique dont ont fait preuve les Burkinabè le jour du vote. « La MOE-UE tient à saluer les Burkinabè pour leur mobilisation, patientant devant 93,9% des bureaux de vote dès l’ouverture. Cette mobilisation s’est traduite par un taux de participation provisoire de 60% pour l’élection présidentielle, représentant 5,2% d’augmentation en comparaison avec les élections de 2010 », a-t-elle déclaré.Pour ce qui est du déroulement de la campagne électorale, le conférencier a indiqué que les libertés d’expression, d’assemblée et de libre circulation ont été respectées. « La MOE-UE n’a pas constaté directement d’utilisation de biens de l’Etat à des fins de campagne, l’administration déconcentrée n’ayant pas, par ailleurs, apporté son soutien logistique et financier aux activités de propagande électorale. Les chefferies traditionnelles et les autorités religieuses n’ont pas officiellement donné de consignes de vote », a soutenu Mme Kyenge. Elle a toutefois relevé que des leaders traditionnels ont souvent été vus dans les meetings des différents candidats et certains figuraient sur les listes des législatives. Elle a poursuivi en soutenant qu’un contournement de l’interdiction de distribution de matériel électoral s’est vérifié, à travers l’omniprésence de t-shirts de couleur orange, sans logo et image du candidat, arborés par la grande partie des sympathisants, dans les meetings du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
« La présidentielle a dominé le débat »
Concernant la couverture médiatique des élections, la MOE-UE a souligné que les médias observés ont respecté les principes d’impartialité et de pluralisme dans le traitement des candidats. « Certains candidats à la présidentielle et des partis politiques ont été plus actifs dans l’organisation d’évènements de campagne et dans la transmission de leurs programmes aux médias », a noté Cécile Kashetu Kyenge.
Présente à la conférence de presse, le chef de la délégation du parlement européen, Norica Nicolai a salué l’engagement et la détermination des Burkinabè tout au long de la Transition pour défendre les valeurs démocratiques. Réitérant la présence de l’Union européenne aux côtés du Burkina Faso, elle a déploré la faible présence des femmes sur les listes électorales et le fait que la présidentielle ait dominé les débats par rapport aux législatives. Comment appréciez-vous le fait que les Burkinabè de l’étranger n’aient pas voté ? Pouvez-vous quantifiez un certain nombre d’irrégularités constatées au cours de l’observation ? Ont demandé les journalistes. Le chef adjoint de la MOE-UE, Tommaso Caprioglio a répondu que l’organisation du vote à l’étranger est complexe, même si l’idéal est de tenir un scrutin inclusif. Il a expliqué que le cadre juridique des élections a prévu le vote des Burkinabè de l’étranger et que cela sera une réalité les prochaines années électorales. A propos des irrégularités, Mme Kyenge a argué que l’analyse de la MOE-UE a privilégié la dimension qualitative du déroulement de tout le processus électoral.
Karim BADOLO