Elections d'octobre 2015 : Une charte du débat public entre candidats ?

| 03.04.2015
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Elections d'octobre 2015 : Une charte du débat public entre candidats ?
© DR / Autre Presse
Elections d'octobre 2015 : Une charte du débat public entre candidats ?
Les avis convergent tous sur le sujet: la présidentielle d'octobre 2015 au Faso sera parmi les plus ouvertes, sans candidat-président et sans parti-Etat sur la ligne de départ, comme cela a pu être le cas les années antérieures. De fait, la campagne a toutes les chances d'être animée, voire virile. Les premiers échanges à distance entre le MPP et l'UBN, ainsi que les tentatives de justifications du Général Bassolé sur sa collaboration (ou non) avec le régime Compaoré, en donnent déjà un avant-goût.


Pas de doute, la campagne pour les élections d'octobre 2015 (la présidentielle et les législatives qui seront suivies des municipales) sera très disputée. Après près de 30 ans de règne Compaoré, Kosyam va donc ouvrir ses portes à un nouveau locataire. A une nouvelle personnalité et sans doute à un nouveau style. Tous ces éléments mis ensemble donnent inévitablement du piment à une compétition électorale d'envergure nationale certes, mais aux enjeux qui dépassent largement le cadre burkinabè.

Entre l'Elysée qui, dit-on, aurait misé sur Roch et les sondages d'opinion qui font apparaître une sympathie croissante pour Diabré, il y a forcément de quoi susciter de l'intérêt chez tous les observateurs de la scène politique burkinabè.

On peut en revanche se convaincre d'une chose, c'est que le ton de la campagne risque d'être dur. Et ce n'est sans doute là qu'un euphémisme. Surtout au regard des profils parfois ondoyants et du passé sulfureux de certains postulants à la magistrature suprême. Toute chose que ne manqueront pas d'exploiter les équipes du camp adverse.

Ainsi en est-il de la charge portée par le Colonel Yacouba Ouédraogo de l'Union pour un Burkina nouveau, l'UBN, contre le Mouvement du peuple pour le progrès, MPP, de Roch Marc Christian Kaboré. En tout cas, l'ancien ministre des Sports et Loisirs du fameux dernier gouvernement de Blaise Compaoré aurait cherché à tester la détermination de ses adversaires qu'il ne s'y serait pas pris autrement. Surtout en assimilant, comme il l'a fait, le MPP au CDP.

Une provocation dont on peut encore s'interroger sur les motivations profondes à ce stade du débat. Et surtout venant de la part d'une personnalité qui cherche manifestement un positionnement adéquat au sein de la multitude de formations politiques que compte le pays actuellement.

S'agit-il alors d'une bourde, comme certains veulent le croire, ou tout simplement d'une stratégie bien pensée et calculée pour montrer que, même arrivée à la dernière minute au rendez-vous électoral de 2015, l'UBN entend jouer dans la cour des grands?

Une chose est sûre, c'est que la réponse n'a pas tardé. Elle est venue (autre symbole à noter) non pas de la direction du bureau politique national, ni même d'un membre du trio, RSS comme on l'appelle, à savoir Roch, Salif et Simon. C'est plutôt la jeunesse du MPP qui, en des termes très durs, a répliqué à ce qu'elle considère comme étant un acte délibéré d'atteinte à son image.

Il faut convenir d'une chose, ce n'est sans doute là qu'un début. Dans le contexte post-insurrectionnel qui est celui du Burkina actuellement, les mots risquent de voler dans tous les sens. Avec, à la fin, la crainte bien évidente que les questions de fond ne soient occultées.

A savoir le contenu réel des programmes que propose chacun des candidats pour redresser une société burkinabè marquée par 27 ans de gestion désastreuse, aussi bien sur le plan politique, économique que social.

La preuve, c'est qu'au moment où certains postulants au fauteuil présidentiel se tressent mutuellement les chignons, la situation nationale continue d'être marquée par des défiances multiformes de l'autorité de l'Etat.

Assurément il faudra plus que la simple imagination de la part des acteurs politiques pour être véritablement à la hauteur des attentes des populations. Ni les professions de foi entendues à longueur de journée via les médias locaux, encore moins les invectives, ne pourront constituer un projet de société crédible. C'est sur la base de leurs projets respectifs que les candidats devront se mesurer. A cela on pourrait ajouter leur capacité à convaincre qu'ils peuvent réellement incarner le changement.

A ce jeu, il est évident que tous ne sont pas sur la même dynamique. Si quelques-uns ont déjà leur affaire en main et tentent de la faire vendre par petites touches, d'autres, par contre, ne savent toujours pas par quoi commencer véritablement. Rien n'est encore tard, ils ont encore quelques semaines devant eux pour bien faire.

A. Traoré

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