Elections : « Nous devons voir avec l’armée si les conditions sont réunies »

| 07.10.2015
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Le Président du Faso a achevé son séjour newyorkais ce mardi 6 octobre 2015, par une rencontre d’échanges avec le groupe des Ambassadeurs africains accrédités auprès de l’Organisation des Nations Unies. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© Présidence
Le Président du Faso a achevé son séjour newyorkais ce mardi 6 octobre 2015, par une rencontre d’échanges avec le groupe des Ambassadeurs africains accrédités auprès de l’Organisation des Nations Unies. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Au terme de son séjour new yorkais, le président du Faso, Michel Kafando, a fait le point de sa rencontre avec le Groupe africain auprès de l’ONU et s’est prononcé, mardi 6 octobre 2015 sur la tenue prochaine des élections dans son pays, le Burkina Faso.Monsieur le président, vous avez eu une rencontre avec les ambassadeurs du Groupe Afrique.


De quoi a-t-il été question dans ce huis clos ?

Michel Kafando (M.K.) : Le Groupe africain est très important parce que c’est ce groupe qui donne l’impulsion de la politique africaine au niveau de l’Organisation des Nations unies. Il est composé de l’ensemble de tous les ambassadeurs africains représentés ici à l’ONU. C’est un groupe qui a pour charge, chaque fois qu’il y a un problème important, de se retrouver, d’échanger et de trouver une solution qui est valable pour toute l’Afrique. Par exemple dans la question du Burkina Faso, l’Union africaine a réagi. Ici aussi au niveau du Groupe, ils ont réagi de la même façon, en partant du principe que c’est une position commune africaine. Cela prouve l’importance du Groupe. Il est présidé mensuellement par un ambassadeur, c’est-à-dire que chaque pays préside le Groupe par mois. La rencontre a été importante parce que tout le Groupe a vécu les événements du Burkina, soit par message, les réseaux sociaux, soit simplement par l’information brute. Le fait de venir devant ces ambassadeurs pour faire un briefing des événements du Burkina leur donne l’occasion de mieux s’imprégner de tout ce qui s’est passé. Ils se sont tous exprimés et ont adressé un message d’encouragement, de soutien, d’aller de l’avant, avec la perspective très bientôt de déboucher sur les élections au Burkina. De manière générale, aux Nations unies, l’Assemblée générale est la période la plus intense dans la vie des nations qui donne l’occasion à chaque pays d’exposer sa politique nationale et au besoin de demander des conseils et aussi de faire avec les autres pays membres des projections sur l’avenir en termes surtout de questions qui intéressent la communauté dans son ensemble. Par exemple sur les Objectifs du millénaire pour le développement, l’Assemblée a eu à examiner ce qui a été fait depuis que les OMD ont été lancés, a conclu que les objectifs n’avaient pas été totalement atteints et qu’il fallait aller de l’avant. L’Assemblée a donc défini un certain nombre de points en matière de développement international qui vont être poursuivis. L’Assemblée générale est donc une enceinte où, chaque année, on a la chance de voir exposer la vie internationale, la vie des Etats membres.Le Burkina Faso est membre depuis 1960. Chaque fois, nous avons été présents soit par une participation personnelle du chef de l’Etat, soit du ministre des Affaires étrangères et c’était bon, compte tenu de ce que nous avons vécu récemment, que nous venions ici, du haut de la tribune, porter le message du Burkina et remercier la communauté internationale qui a été d’un grand soutien.

Partout où vous êtes passé, on a parlé des élections, au pays des voix s’élèvent aussi pour souhaiter qu’elles se tiennent en novembre. Pensez-vous que dans un mois, les élections se tiendront au Burkina Faso ?

M. K. : Je ne veux pas trop rentrer dans le chronogramme. Ce qui est essentiel pour moi, c’est que les élections doivent se faire et le plus rapidement. Cependant le chronogramme doit tenir compte d’un certain nombre de situations de fait. Nous sommes sortis d’une épreuve où l’armée a failli faire basculer la stabilité du pays. Le RSP (Ndlr : Régiment de sécurité présidentielle) a naturellement été mis au banc mais il y a quelques éléments qui courent encore avec des armes. On en a saisies beaucoup mais y en a qui sont toujours dans la nature.Nous devons voir avec l’armée si les conditions sont réunies, si le Burkina est actuellement dans une situation de sécurité totale qui puisse nous permettre d’organiser des élections transparentes sans difficultés. Si vous organisez des élections, par exemple à Gorom-Gorom, et vous êtes attaqués par des rescapés du RSP, vous voyez dans quelles conditions cela peut nuire aux élections. Il faut tenir compte de cela. Mais je ne pense pas que nous puissions prolonger la date des élections. Elles doivent se faire dans les meilleurs délais mais je ne sais pas quand. Il faut le faire en concertation avec tous ceux qui sont parties prenantes de la Charte de la Transition.

Une cérémonie de désarmement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a lieu en ce moment (6 octobre 2015) à Ouagadougou et est ponctuée par une présentation d’un échantillon d’armes. Trouvez vous opportun et sécurisant que le matériel d’une armée nationale soit présenté au vu et au su de tout le monde ?

M. K. : La cérémonie d’aujourd’hui se tient avec l’accord de tous les pays membres de la CEDEAO. Tous les Etats- major des armées de la CEDEAO sont là pour constater le matériel qui a été saisi. Comme c’est dans le cadre de la CEDEAO, je ne vois pas d’inconvénient. D’ailleurs ce n’est pas tout l’armement qui sera dispatché. C’est une cérémonie pour faire comprendre la volonté de désarmer.

Parlant de sécurité, dans un communiqué officiel, il a été dit que le général Gilbert Diendéré qui a fomenté le putsch avait fait venir des djihadistes. Qu’en est-il au jour d’aujourd’hui ?

M. K. : Tant que je n’ai pas de preuves concrètes, je ne peux pas me prononcer. Ces sont des choses que nous avons entendues. La Commission d’enquête est chargée de faire la lumière de tout cela. Je vous invite à la patience. D’ici à un mois, on pourra, à propos de djihadistes, dire ce qui a été fait exactement.

Propos recueillis par Enok KINDO à New York

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