Le Burkina Faso est un pays démocratique qui aspire au développement humain durable. Malgré les nombreuses pesanteurs sous lesquelles le peuple ploie, il existe de valeureuses richesses dont la plus importante est l’homme, le Burkinabè. L’homme est la plus importante richesse et certainement le facteur le plus déterminant pour sortir un peuple du sous-développement et des affres des diverses calamités dont il peut être frappé. La jeunesse est le plus impressionnant bonus que peut avoir un peuple sur le chemin de son progrès, qui, exige impérativement intelligence (génie) et énergie. Dans une démocratie qui se veut efficace, la qualité de la représentativité des hommes et femmes qui animent la gouvernance est essentielle.

Pour une population dont l’âge médian est de 22 ans et dont 72% à moins de 35 ans, le « salut » ne peut résider que dans le bon adressage des préoccupations de cette importante proportion de la population dans les politiques. Mais peut-on seulement y arriver sans que les jeunes (moins de 35 ans) ne soient présents dans les instances qui en décident ? Peut-on raisonnablement être sûr de faire ce qu’attendent les jeunes en leur absence ? Ne dit-on pas souvent que ce qui est fait pour moi, sans moi, l’est contre moi ? La présence des jeunes dans les instances décisionnelles est donc une question minimale de bon sens, de sagesse, de clairvoyance et une exigence démocratique, si on la veut effectivement participative, consensuelle et à même d’apporter les réponses les plus appropriées aux préoccupations posées par les populations.

Cette présence des jeunes dans les instances décisionnelles, revêt une valeur singulière au regard de l’histoire récente et même lointaine de notre pays. Les jeunes ont été de tous les combats pour la démocratie, la liberté et le progrès social. Régulièrement et sans rien attendre, ils ont payé de lourds tribus (plusieurs dizaines de morts et de blessés) en s’opposant vaillamment à toute forme de dictature, d’imposture et de recul des acquis démocratiques. C’est un devoir moral, une exigence démocratique de ne plus gouverner sans les jeunes, qui se positionnent comme des « gardiens du temple de la démocratie ». Cette charge émotive, cognitive voire spirituelle devient un contrat moral irrévocable qui doit être mis en œuvre, le plutôt possible car les temps sont mauvais.Enfin, aspirant à faire de notre pays, un modèle de développement humain durable et sachant que cela ne peut se réaliser que sur des décennies (plusieurs générations), le tandem entre les générations s’impose donc pour assurer la continuité et non l’éternel remise en cause et recommencement des actions pertinentes de développement. Pour ce faire, les jeunes doivent être associés à la décision de l’intérieur (systèmes de prise de décisions). Ils ne sont pas des « auxiliaires du développement », ils en sont au même titre que tous les autres âges, des acteurs pleins, l’âge n’étant pas le déterminant principal des gouvernants. Koffi Annan, ancien Secrétaire général de l’ONU disait à ce sujet : « On n’a pas besoin d’être vieux pour gouverner ». En effet, être responsable, s’apprend. Dans cette même lancée, l’actuel Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon renchérit en ces termes :"les jeunes conduisent le changement mais ne sont pas dans le siège du conducteur. J’appelle à ce qu’on leur donne le permis de conduire notre futur”. Chers leaders politiques, vous avez un rôle historique, une occasion unique de démontrer toute votre foi à votre jeunesse et votre bonne foi à tenir vos promesses (votre parole sacrée : plus rien ne sera comme avant) de gouverner avec les jeunes. Certes de timides signaux sont donnés, mais sont loin du potentiel qui peut être exploité pour notre édification commune. Pour ce faire voici trois actes à poser :

- Accepter de positionner au moins 30% des jeunes compétents de vos formations politiques aux places, qui leurs assurent, une élection effective sur les listes de candidatures aux élections municipales du 22 mai 2016. Ainsi, 30% de jeunes siégeront dans les conseils municipaux et régionaux ;

- Nommer au moins 30% de jeunes dans vos cabinets (Présidence du Faso, Assemblée Nationale, Chef de file de l’opposition, gouvernement, justice, PNDES, CES,...) et autres postes de directions de notre pays ;

- Prendre en compte les attentes des jeunes dans l’élaboration des politiques publiques.Ces actes forts, impliquent aussi la prise en compte des 30% de femmes prônée par le quota-genre. Ils changeront positivement la manière de gouverner et instaureront un nouveau paradigme de gouvernance et de vision politique.Cessons de nous trouver des excuses constantes, d’infantiliser la jeunesse, elles ne sont rien d’autres que les preuves de notre échec (politique, social, culturel, développement...). Ouvrons une nouvelle page de gouvernance de notre pays, afin que pour longtemps nous soyons ce phare et cet espoir voire espérance pour l’Afrique et le monde. Après le modèle du pays qui s’est insurgé, soyons le modèle de la démocratie dont les jeunes et les femmes et les anciens à l’image d’une équipe de football où chacun à son poste, tous engagés, déterminés et solidaires font la victoire de l’équipe.

Ne pas faire confiance à la jeunesse pour lui confier des responsabilités, c’est ne pas faire confiance à notre propre système éducatif et notre chaine de transmission de connaissance.

Osons voir grand et loin ; le Burkina ne saurait se contenter d’une seule génération pour se construire et se développer!

Le Mouvement Burkinabé pour Développement et le Civisme(MBDC)
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Cheick Fayçal TRAORE,
Chargé de projets