Les élections couplées législatives et présidentielle de 2015 sont terminées. Le regard est désormais tourné vers les municipales qui se dérouleront bientôt. A ce rendez-vous en ligne de mire, les femmes comptent mieux faire qu’aux précédentes élections en remportant beaucoup de suffrages pour occuper des places de conseillères municipales ou même diriger des communes. Ainsi, plusieurs d’entre elles ont décidé de mener la bataille au sein de regroupements, conscientes que l’union fait la force. C’est le cas des femmes de la Coalition burkinabè pour les droits de la femme (CBDF) qui regroupe quinze organisations et associations œuvrant pour la promotion, la protection et la défense des droits de la femme.
Pour la coordonnatrice de cette coalition, Mariam Sirima, les résultats de la participation des femmes aux législatives a été un coup dur pour la gente féminine: «Nous avons mené beaucoup d’actions pour pouvoir travailler à l’accroissement du nombre de femmes au niveau de l’Assemblée nationale, mais nous avons constaté que c’est le contraire qui s’est produit. Au lieu d’accroitre le nombre de femmes, il y a eu une baisse drastique».
Cette situation est déplorable, selon Mme Sirima qui a affirmé que tant que les femmes ne seront pas bien positionnées dans les circonscriptions où il n’y a que deux sièges, c’est difficile pour elles de se faire élire. «Tant qu’on va toujours continuer à utiliser les femmes pour compléter les listes, on aura toujours moins de femmes». D’où la poursuite de la sensibilisation au niveau de la CBDF à l’endroit des femmes pour les encourager à se battre pour être mieux positionnées sur les listes électorales.
Pour elle, l’engagement de la femme en politique peut lui permettre d’apporter sa contribution au développement du pays: «En participant à la politique, les femmes peuvent influencer les décisions politiques en faveur des autres femmes pour les amener à comprendre la nécessité pour elles de s’y impliquer davantage». C’est pourquoi la CBDF compte mener, a confié la coordonnatrice, des actions de plaidoyer auprès des responsables des partis politiques pour qu’ils comprennent que les femmes ont un rôle à jouer et que c’est normal qu’elles soient bien positionnées pour prendre part aux débats politiques.
Cette démarche est appréciée de façon positive par la Secrétaire nationale chargée des questions féminines de l’UNIR-PS, Victorine Ouédraogo. Les femmes vont continuer la lutte car, dit-elle, «ce n’est pas que nous n’avons pas lutté, mais il faut que les luttes aboutissent».
Pour Mme Ouédraogo, les femmes exposent leurs préoccupations dans chaque cadre de rencontre au niveau national mais rien ne change. «On ne peut pas obliger les responsables des partis politiques à faire ce que nous voulons. Nous ne pouvons que soumettre seulement nos doléances. Etant donné qu’eux aussi ont vécu la situation, ils vont faire de leur mieux lors des élections à venir pour que les femmes soient mieux positionnées, car si elles sont bien positionnées, elles seront élues», foi de Victorine Ouédraogo.
En plus du problème de positionnement, celle-ci a relevé que les pesanteurs socioculturelles constituent des obstacles à l’engagement des femmes en politique. «A l’UNIR-PS, nous avons eu jusqu’à 4 femmes en tête de liste, mais elles ne sont pas élues». Cela s’explique, a-t-elle dévoilé, par l’insuffisance de moyens financiers: «La population est ce qu’elle est. Si tu n’as rien, on te dit que ventre affamé n’a point d’oreille».
Face à cette situation, la Secrétaire nationale chargée des questions féminines de l’UNIR-PS a insisté sur la nécessité de la sensibilisation. «Dans les directions des campagne, il n’y a pas beaucoup de femmes et elles sont sous-informées. De ce fait, il faut qu’on implique davantage les femmes sur le plan organisationnel et on va continuer à nous battre pour cela» a conclu Mme Ouédraogo.
Madina Belemviré