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Elections 2015: pourquoi le CDP s’est-il dégonflé?

| 31.08.2015
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Elections 2015: pourquoi le CDP s’est-il dégonflé?
© DR / Autre Presse
Elections 2015: pourquoi le CDP s’est-il dégonflé?
Rien que le 25 août dernier, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) était dans une posture aventuriste en appelant publiquement ses partisans et les démocrates à une désobéissance civile parce que le Conseil constitutionnel a invalidé une trentaine de ses candidatures aux législatives d’octobre 2015. En même temps, Eddie et ses camarades menaçaient de boycotter toutes les élections. Quelques jours après, précisément le samedi 29 août 2015 et au stade municipal, Eddie Komboïgo a fait un rétropédalage: «Le CDP participera aux élections afin de bâtir le Burkina et construira la paix... Et pour la cohésion sociale, nous jouerons la carte du remplacement.» Voilà.

Ce sont là les mots du président du CDP qui a ajouté: «Nous ne brûlerons rien au Burkina parce que nous sommes des Burkindbi». En l’espace de cinq jours, le CDP est passé par tous les états, du chaud bouillant à la tiédeur. Que s’est-il passé, a-t-on envie de se demander.

Au-delà du fait que le CDP ne voudrait pas se montrer «bagarreur», comme il le dit, l’ex-parti au pouvoir a peut-être compris, et cela pour de bon, que sa stratégie était fondamentalement suicidaire pour sa propre survie comme celle qui a conduit à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Car boycotter les élections n’aurait été qu’une manière très égoïste de tuer le parti, en étouffant des ambitions nouvelles, progressistes et très constructrices en son sein.

Sinon, comment comprendre que des gens qui ont, par exemple, passé 21 ans dans les arcanes du régime Compaoré, veuillent empêcher ceux qui ont été à l’ombre et qui ont travaillé pour eux pendant toutes ces années de se réaliser? Comment comprendre que des individus, qui se sont enrichis sur le dos de leurs militants et du peuple et à qui la politique et le pouvoir ont tout donné, peuvent-ils refuser de se sacrifier, au nom de l’intérêt supérieur du parti et de la république? Parce que leurs candidatures ont été invalidées, ils préfèrent plomber tout le parti.
Pour ce qui est de la désobéissance civile, les premiers responsables du CDP, Eddie Komboïgo, Achille Tapsoba et Fatou Diendéré se sont vite rendu compte que personne, à part peut-être des loubards qu’ils pourraient payer grassement, ne risquera sa vie pour les défendre. Ils ne pouvaient pas compter sur les militants du CDP qui n’ont aucun intérêt à se battre pour que certains chefs puissent satisfaire leur ego et leur volonté de puissance.

Il en est de même pour ces regroupements dénommés «Groupe d’appel du 09 avril»ou «Front républicain». Les membres de ces regroupements de circonstance ont refusé, apparemment, d’accompagner les responsables du CDP dans leur aventure. Quid de la communauté internationale et les chefs d’Etat de la CEDEAO à qui les leaders actuels du CDP ont fait appel pour intervenir en leur faveur?

Le Représentant Spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, M. Mohamed Ibn Chambas, lors de sa mission à Ouagadougou, du 25 au 27 août 2015, n’a-t-il pas demandé à tous de respecter les décisions des juridictions?

Isolés de partout, perdant dans un éventuel rapport de forces et menacés d’une implosion à l’interne, les premiers responsables du CDP ont choisi de jouer balle à terre. Préférant écouter la voix de la sagesse, même si elle lui a été imposée par les circonstances. Tant mieux pour eux, est-on tenté de dire. Les conséquences politiques sont évidentes. L’ancien parti au pouvoir doit ronger son frein jusqu’en 2020 pour espérer pouvoir reconquérir le pouvoir d’Etat. Il peut aussi tisser une alliance stratégique avec certains des candidats qui seront retenus en définitive pour l’élection présidentielle en octobre prochain.

En attendant, il devra se battre pour glaner des postes de députés aux législatives en octobre 2015 et de conseillers municipaux en 2016. Pour le reste, le CDP, pour espérer revenir un jour au pouvoir, se doit d’amorcer ici et maintenant un processus de refondation, de réforme et de renaissance sur la base des principaux fondamentaux de la démocratie. Car, le CDP qui a été taillé au service d’un homme autour de qui gravitaient des hommes de main ne peut pas être viable en fonctionnant avec les valeurs qui ont conduit à sa perte du pouvoir. La seule question qui reste est celle de savoir si les leaders actuels sont capables d’être protagonistes d’une nouvelle dynamique.

Les Echos du Faso

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