La volte-face de l’ancien parti au pouvoir a sûrement quelque chose à voir avec son instinct de survie et son incapacité à s’imaginer loin des sphères de décision. Sauf que dans le cas d’espèce, la méditation a été la chose la moins partagée au sein de ce parti, qui a préféré faire marche arrière avec ou sans rétroviseur, juste pour ne pas courir le risque de ne pas avoir de dirigeant pendant le prochain quinquennat. Sous le fallacieux prétexte qu’ils veulent prouver à leurs contempteurs qu’ils peuvent encore peser dans le microcosme politique en alignant de nouvelles têtes, l’ex-méga parti prouve une fois de plus qu’il lui est difficile, voire impossible de vivre sans gouverner, ne serait-ce que partiellement.
Il aurait en tout cas pu signer sinon son arrêt de mort, du moins le déclenchement de sa décente aux enfers, s’il avait persisté dans sa saugrenue idée de bouder les prochaines élections. Pour la simple raison que cela aurait pu provoquer de nombreux départs parmi ceux qui ne partageaient pas cette impopulaire et improductive façon de réagir sans mûrir les inspirations nées des coups de tête. Une saignée de militants par ces temps qui courent aurait pu porter au CDP un coup de grâce. Les folles réactions des premiers moments ayant suivi les décisions du Conseil constitutionnel ont donc vite fait place, comme par enchantement ou par magie, à une lecture réaliste et plus prospective de la situation.
Les responsables du parti ont compris que leurs menaces n’allaient avoir que l’effet de l’eau sur les plumes d’un canard. Ils se sont sûrement rappelé le cas de la Côte d’Ivoire où l’absence de candidatures du FPI n’a pas empêché le nouveau régime d’organiser les élections.
Une autre étonnante situation, c’est la validation des candidatures de Djibrill Bassolé et de Yacouba Ouédraogo, tous deux ministres du dernier gouvernement du pouvoir déchu. La motivation de la décision n’ayant porté que sur les candidatures invalidées, l’on ne peut que supputer sur les raisons qui ont poussé les juges constitutionnels à valider ces candidatures. Les intéressés étaient-ils absents de la salle du Conseil extraordinaire au cours duquel le projet a été adopté? N’ont-ils pas posé d’autres actes tendant à soutenir ouvertement la modification de l’article 37? Ne peut-on pas considérer tout simplement que même au cas où ils n’auraient pas assisté audit Conseil, les décisions de celui-ci, qu’ils n’ont du reste jamais ouvertement remises en cause, les lient et qu’ils en portent par conséquent l’entière responsabilité, ne serait-ce que par solidarité avec toute l’équipe? Les recours introduits par d’autres candidats pousseront sûrement les juges à dire, dans leur décision définitive, pourquoi ils invalideraient ou valideraient les candidatures incriminées.
djibrJPS