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Candidature des militaires : « Un militaire reste toujours un militaire », Salam Bouda

| 26.03.2015
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Candidature des militaires : « Un militaire reste toujours un militaire », Salam Bouda
© DR / Autre Presse
Candidature des militaires : « Un militaire reste toujours un militaire », Salam Bouda
Nous avons reçu un écrit du président du Mouvement des camarades Sankaristes (Mocasa) qui donne sa lecture sur la polémique de l'heure sur la candidature des militaires en disponibilité ou en détachement aux échéances électorales à venir. Pour Salam Bouda, les militaires ont leur place dans les casernes. Lisez !


Le président de la deuxième République de notre pays, le Général Sangoulé Lamizana, paix à son âme, était militaire et est arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat militaire. Il aura par la suite troqué sa tunique pour un pouvoir apparemment démocratique et civil. Cela a pu se produire parce que les civils n'avaient pas su gérer convenablement les affaires de l'Etat. C'est pourquoi les militaires à un certain moment, furent obligés de prendre leurs responsabilités pour mettre de l'ordre dans le pays. Et on peut dire que c'est depuis ce temps que les militaires ont pris gout au pouvoir et ne veulent plus rentrer dans les casernes. Nos hommes de tenues dont les missions premières sont entre autres de protéger le territoire, les personnes et leurs biens et d'effectuer certaines missions à l'étranger dans le cadre de la coopération sous régionale et internationale, ne veulent plus s'en aller de la gestion de la chose publique. A tout point de vue, si nous permettons que les militaires s'immiscent dans la gestion du pouvoir d 'Etat, le pays ne s'en sortira jamais. Je ne suis pas contre les militaires mais le constat est là. La preuve est que tous les militaires venus au pouvoir par un coup d'Etat, même si ces derniers par la suite se sont reconvertis en civils et ont de surcroit organisé des semblants d'élections pour se conformer à la démocratie, leur légitimité a toujours causé problème. C'est le cas des Généraux Robert Guéi en Côte d'Ivoire, Moussa Traoré au Mali, Joseph Désiré Mobutu en RDC (ex-Zaïre), Bozézé en République Centrafricaine, et j'en passe. Après leur chute du pouvoir, ils ont souvent laissé leurs pays dans la désolation totale. Maintenant que la donne a changé avec la charte le l'Union africaine, interdisant la prise du pouvoir d'Etat par les armes, les militaires ont trouvé une nouvelle formule pour faire la politique afin de conquérir le pouvoir d'Etat. Ainsi, ils se mettent en situation de détachement ou de disponibilité pour se présenter aux élections. L'Afrique n'a pas besoin d'équilibristes au pouvoir pour son développement. Soit on est militaire, soit on est civil ; pas les deux à la fois. Il faudra qu'on arrête cette comédie maintenant. A César ce qui appartient à César.

Comme disent les Mossé « le tronc d'arbre qui a séjourné longtemps dans le marigot ne deviendra jamais un caïman ». Dans les grandes démocraties, les militaires sont dans les casernes. Ils ont leur pouvoir : c'est le commandement militaire avec les différents niveaux de hiérarchies. Il est temps que l'Afrique tourne cette page sombre de son histoire. Car, à cette allure, nos Etats seront des poudrières. Les civils sont les seuls légitimes à gérer le pouvoir démocratique. Ils sont les seuls à créer des partis politiques et à prendre part aux élections pour la conquête du pouvoir d'Etat. Quant aux militaires, ils ont leur place dans les casernes, sur les champs de bataille et sur certains chantiers de développement de leur pays. L'armée doit être une armée républicaine au service du peuple. L'armée doit servir le peuple et non le desservir. L'armée doit assurer la sécurité des citoyens en luttant contre les menaces terroristes et le grand banditisme. « A chacun son boulot », comme le dit un musicien. Si nous voulons que l'Afrique se développe, il va falloir trouver des missions bien précises pour l'armée. Ce n'est pas parce qu'un militaire a duré au pouvoir qu'il deviendra un civil, un démocrate, il a toujours en lui « l'instinct de la gâchette ». Il suffit que les conditions soient réunies et que l'occasion se présente à lui, pour qu'il appuie sur la gâchette.

Cela a été observé les 30 et 31 octobre 2015 lorsqu'au nom de la démocratie et de la sécurité de l'Etat, on a tiré sur des manifestants à mains nues. Un militaire au pouvoir appelle toujours un autre au pouvoir, et bonjour les coups d'Etat. Dans la discipline militaire, un militaire reste toujours un militaire. Un Général reste toujours un Général, même déshabillé. Cela est valable aussi pour un Colonel. Ils sont toujours à la disposition de l'armée même après leur retraite. Que les militaires cessent de troquer leurs tenues pour la politique. Ce nouveau vent de changement intervenu au Burkina Faso « plus rien ne sera comme avant », en dit tout. Les Burkinabè veulent voir enfin le bout du tunnel. Ils disent non à la politisation de l'armée. Le Régiment de sécurité présidentiel (RSP) est une fabrication de politiciens militaires ayant séjourné longtemps au pouvoir. Le départ de leur mentor est devenu un casse-tête pour ces derniers. Ils ne savent plus à quel Saint se vouer. Ce RSP semble être orphelin et se débat comme il peut pour sa survie. C'est ce qui pourrait expliquer ses agissements ces derniers temps dans le pays. Le RSP, dans sa configuration actuelle, constitue un danger pour la démocratie au Burkina Faso. Il doit être délocalisé et reformé. Le RSP n'est pas au-dessus de l'armée nationale. Il est une composante de cette dernière. Le RSP est composé de militaires issus d'autres corps de l'armée nationale. Il est vrai que certains diront que le Capitaine Thomas Sankara était un militaire. Oui ! Mais un militaire pas comme les autres. Il était démocrate et n'allait sans doute pas s'éterniser au pouvoir.

Que Dieu protège le Burkina Faso !

Salam BOUDA
Président du Mocasa
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