Campagne électorale : Le piège des promesses démagogiques

| 16.11.2015
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Campagne électorale : Le piège des promesses démagogiques
© DR / Autre Presse
Campagne électorale : Le piège des promesses démagogiques
Le « Plus rien ne sera comme avant » du président Michel Kafando est mal compris par les candidats à l’élection présidentielle. Les premiers jours de la campagne électorale ont montré que si le pays a changé, les politiciens eux sont restés tels. En tout cas, du point de vue des promesses électorales, ce sont toujours les vieilles pratiques qui prévalent.


Ainsi, si les gadgets ne sont plus de mise, les annonces fracassantes frisant la démagogie elles n’ont pas disparu. Chaque candidat y va de ses déclarations- chocs sur ce qu’il fera une fois élu. Tout y passe, comme la mobilisation de sommes faramineuses pour faire émerger économiquement le pays, l’éradication de la corruption en un clin d’œil, etc. Les promesses pleuvent. Quand on écoute les candidats à la radio et lors des meetings, regarde leurs messages à la télé ou lit leurs projets de société, on se dit qu’il y a maldonne. Les hommes politiques burkinabè se trompent d’époque. Le Burkina n’est plus dans le vieux schéma de la politique politicienne où l’on pouvait venir mentir aux populations et repartir sans avoir de compte à rendre. Les candidats semblent oublier qu’ils sont face à des insurgés ou en tout cas des populations éveillées.

On ne raconte pas des sornettes à un peuple qui est arrivé à déboulonner un président enraciné depuis 27 ans. Les Burkinabè ont acquis une conscience politique très aiguisée, même dans les coins les plus reculés. Du reste, grâce au développement de la radio et de la traduction des informations en langue nationale (y compris des revues de presse), beaucoup de ceux que l’on considère comme des « ignorants » sont parfois mieux informés que les soi-disant intellectuels. Il est ainsi arrivé qu’un citadin soit moins informé de certains événements que la vieille grand-mère à qui il est allé rendre visite au village. Les gens des campanes ne sont pas des idiots. Jadis, on les traitait de bétail électoral, pour faire allusion à leur inculture. Ce n’est plus le cas. Malheureusement, dans leur course effrénée vers le pouvoir, les politiciens ne l’ont pas compris ou feignent de l’ignorer. Or ils sont en train de se piéger à travers des promesses irréalistes. Une fois élu, le nouveau président devra forcément exécuter ses promesses. Il n’y aura pas de faux fuyants car les citoyens le prendront au mot. En fait, il ne s’agit plus, dans le nouveau contexte burkinabè de gagner seulement les élections. Le véritable challenge, ce sera de gouverner en adéquation avec l’esprit de l’insurrection et des exigences très fortes des populations. Les promesses électorales risquent de pourrir le mandat du président élu car les populations les lui brandiront au nez systématiquement. Et c’est tout à fait légitime puisqu’ils ont leur président sur la base de son projet de société. Il en de même pour les prétendants au parlement qui seront bientôt en campagne. Le peuple ne veut plus de députés préoccupés uniquement par leurs affaires personnelles ou celles de leurs partis au détriment de l’intérêt général. Le « Plus rien ne sera comme avant » est devenu un credo. Ce ne sont pas de simples mots lancés en l’air. Ceux qui en doutent l’apprendront à leurs dépens, s’ils ont la chance de bénéficier de la confiance des électeurs au soir du 29 novembre. C’est pourquoi chaque candidat doit peser ses mots. Vouloir berner les populations pour se faire élire, c’est creuser sa tombe politiquement. Il est révolu, le temps où la fable de La Fontaine disant que: « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute », était de mise dans les relations entre hommes politiques et populations. Avis donc à tous ceux qui écument les villes et villages à la recherche des voix des électeurs : ne racontez pas des sottises, ne promettez pas le ciel aux gens et surtout ne vous prenez pas pour l’homme providentiel. Car vos paroles et vos actes vous rattraperont immanquablement.

La Rédaction

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