Campagne électorale au Burkina : Fasoptimisme !

| 09.11.2015
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Campagne électorale au Burkina : Fasoptimisme !
© DR / Autre Presse
Campagne électorale au Burkina : Fasoptimisme !
Finalement, les Burkinabè y sont parvenus, en ahanant certes, mais ils y sont : depuis hier 8 novembre 2015, la campagne électorale pour la présidentielle du 29 novembre prochain est enclenchée. C’est le premier processus électoral sans Blaise Compaoré, l’ancien président, chassé par la rue, il y a juste 12 mois.


En temps normal, toute campagne électorale en Afrique, est une période sensible pour ne pas dire plus, à fortiori, dans ce Burkina post-insurrection, le moindre écart langagier, le petit geste déplacé ou l’infime peccadille peut créer l’effet papillon et dégénérer. Le Burkina revient de loin.

De ces journées historiques que sont les 30 et 31 octobre 2014 qui virent basculer le pouvoir fossilisé de Blaise à la présente campagne électorale, beaucoup d’eau a coulé, sous le pont Kadiogo :

- une transition dont les ziz-zaz de départ ont plongé le Burkina dans un sommeil quasi-catalyptique ;

- un RSP, acronyme du Régiment de la sécurité présidentielle, legs empoissonné de Blaise, devenu durant cette transition, le régiment de séquestration présidentielle dont le summum des méfaits fut le putsch abscon du 16 septembre 2015 ;

- des Organisations de la société civile (OSC) qui ruent dans les brancards, occupant un terrain laissé vacant par les politiques ;

- le CDP, l’ex-parti majoritaire qui refuse de faire amende honorable, grippant ainsi le processus transitionnel ;

- enfin, un Blaise Compaoré, qui, depuis son exil en terre d’Eburnie, ne reste pas coi, malgré les apparences.

Tous ces événements ont fini par convaincre bon nombre de Burkinabè à cultiver un pessimisme noir, quant à un retour à un Etat de droit.

Mais voilà, le peuple burkinabè est fort, il a eu les ressorts et les ressources nécessaires pour vaincre les forces rétrogrades, celles qui ramaient à contre-courant de l’histoire. Les élections sont à l’horizon.

Le Burkina Faso est désormais, depuis ce 8 novembre, et ce, pendant 3 semaines, plongé dans un activisme électoral à tout crin, jusqu’au 27 novembre. C’est un moment spécial pour tout le pays, qui verra une dizaine de candidats s’affronter via leurs programmes pour décrocher l’onction populaire. Durant ces 21 jours, et à l’aune de leurs discours, faits et gestes, chaque prétendant déploiera un trésor de calinothérapie, en vue d’engranger le maximum de voix, au soir du 29 novembre.

On peut oser affirmer qu’une sorte le fasoptimisme flotte dans l’air au Burkina Faso. Un néologisme qui campe bien le sentiment des citoyens, pressés de passer à un pouvoir élu, et qui nolens volens, estiment que les autorités intermédiaires ont bossé. Le pouvoir de la transition a travaillé à sécuriser le processus électoral et c’est tout à son honneur, surtout depuis la forfaiture du général Diendéré.

Déjà, le 18 août dernier, un pacte de bonne conduite a été signé par les différents protagonistes de cette élection. Les forces de sécurité sont déployées sur l’ensemble du territoire.

Le Conseil supérieur de la communication (CSC) et la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ont crapahuté dur, en amont, pour baliser le terrain, afin d’avoir des élections transparentes, libres et acceptées. Me Barthélemy Kéré l’a affirmé, la veille, de cette campagne.

Les fantassins de la démocratie et le Burkina dans leur ensemble, se remettent à croire à l’avènement de nouvelles mœurs politiques, à une renaissance démocratique, à un Burkina nouveau.

Ainsi, ce sera la première fois qu’une campagne électorale se déroulera sans gadgets et autres signes ostentatoires à l’effigie des candidats. Une pratique qui faisait la part belle aux partis pourvus de moyens, et en l’espèce au Burkina, au presque parti-Etat de l’époque, le CDP, viciant les élections et les résultats.

La distribution publique d’espèces sonnantes et trébuchantes est prohibée, aussi, à ces scrutins. Il est vrai qu’à ce sujet, des tentatives de contournement se feront. Mais déjà, l’interdiction des tee-shirts, pagnes, casquettes et argent, toutes choses qui polluaient les votes est un grand pas vers l’ancrage d’une démocratie véritable.

Enfin, même si on parle de favoris et de tocards, contrairement aux élections précédentes, qui s’apparentaient à une promenade de santé pour l’ancien président Blaise, pour cette course à la présidentielle à deux tours, subsiste une part d’indétermination. On conjecture, on pronostique, mais personne ne connaît avec certitude, l’identité du prochain locataire de la présidence.

Idem pour les législatives également, car avec ce vote couplé, nul ne sait qui se taillera la majorité au niveau des 127 députés à élire. Alors qu’avant en post-posant toujours la présidentielle avant les députations, Blaise parvenait à obtenir un parlement-croupion de l’exécutif, et chambre d’enregistrement, s’il en est.

Avec la présente campagne électorale, la démocratie dite des «insurgés» est en marche. Chacun des 14 candidats devra passer sur le pal du suffrage universel, ultime marche vers le panthéon public : Kosyam. Mais le chemin est escarpé, la course est de fond, et l’essoufflement est vite arrivé.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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