Dans la déclaration liminaire, lue par Mme Joceline Vokouma, le Front républicain y fait la genèse et le déroulement du dialogue politique auquel il a souscrit depuis l'appel de Gaoua. Comme le parti majoritaire, quelques heures plus tôt, le Front soutient que l'opposition politique (celle affiliée au chef de file de l'opposition) a été à l'origine des suspensions (en vue de consulter sa base), puis de la rupture du dialogue. Les discutions ont achoppé, selon Mme Vokouma, sur l'exigence de l'opposition « de ne ni discuter ni toucher les points de divergence ». Cette position du Front républicain n'est pas nouvelle et entre en droite ligne de celle de la majorité qui a aussi imputé, la veille, lors d'une autre conférence de presse, la responsabilité de l'échec des négociations à l'opposition.
Le coprésident du Front, Me Hermann Yaméogo, est apparu très amer, lui qui déclare que « dans un dialogue, il faut s'investir à fond, nous avions l'intention d'aller trop loin. Mais en face, nous n'avons pas reçu les réponses qu'il fallait », a-t-il regretté. Pour lui, en disant qu'elle va au dialogue pour réaffirmer ses positions, l'opposition laissait présager de l'issue du dialogue, c'est-à-dire l'échec. Le coprésident du Front s'est même voulu être suspicieux : « Lorsque le président a reçu le Front républicain, nous avons par nos réseaux, senti qu'il y avait dans l'air, comme une volonté de se prévaloir de la présence du Front républicain pour encore une fois, faire échec à ce dialogue », accuse-t-il. La déception de Hermann Yaméogo est d'autant plus grande qu'il s'attendait à ce que l'implication personnelle du chef de l'Etat dans le dialogue soit un point positif pour l'opposition, car c'est l'exigence d'un mandat du président qui a été à la base de l'échec de la médiation autosaisie.
Par conséquent, il affirme que « que le Front était dans une dynamique sincère d'un dialogue sans blocage » et que « personne, même pas la presse-témoin, ne peut nous imputer la responsabilité d'avoir été à l'origine de cet échec, personne ne peut laisser cette trace-là dans l'histoire nationale » a-t-il martelé. Mais que faire après ce constat de l'échec des négociations ? Telle est la question que beaucoup d'observateurs se posent, en ce moment. Hermann Yaméogo croit savoir que « le consensus peut se réaliser par le parlement ou par un recours au peuple ». « Ce n'est pas le Front républicain qui a mis fin au dialogue, c'est l'opposition affiliée au CFOP », répète-t-il. Le coprésident Assimi Kouanda ne dira pas autre chose. Pour lui, l'opposition politique qui a déclaré être allée au dialogue pour réaffirmer ses positions de principe doit s'assumer. Selon le patron du CDP, ceci n'est pas une accusation à l' endroit de l'opposition, mais un constat. « Ce n'est pas la première fois que le peuple constate ceux qui ne veulent pas du dialogue ». M. Kouanda assure à son tour, que le dialogue se poursuit. Mais, bien malin qui pourra deviner de quelle façon ? .
Karim TAGNAN