Les quelques conférences publiques organisées à travers le pays ne peuvent pas justifier la modification de la Constitution. Encore moins les arguments d’institution « d’un cadre juridique minimal auquel devront se conformer les autorités qui seront élues à l’issue des élections présidentielles et législatives couplées du 11 octobre 2015 » et de mise « des institutions à l’abri des forces politiques et des autres groupes de pression ». Car, plus que jamais, les Burkinabè veillent sur leur Constitution comme sur la prunelle de leurs yeux. Si c’est l’article 37, il n’est plus révisable, même si la Constitution prévoit les modalités de sa révision.
Mieux, c’est pratiquement le même procédé que le CNT utilise pour réviser la même Constitution : révision par l’Assemblée nationale. Peut-être la seule différence ici, ce sont les « députés » qui ont fait la proposition de loi. Alors que sous Blaise Compaoré, c’est le gouvernement qui avait fait un projet de loi. Dans tous les deux cas, s’il est bien établi qu’il y a eu « attentat à la Constitution » par les dirigeants politiques sous Blaise Compaoré, il y a dans ce dernier cas aussi la même faute. Puisqu’une révision égale une révision. Mieux, dans le cas du CNT, elle est plus importante puisqu’elle touche plusieurs articles. C’est pourquoi, autant on a mis en accusation Blaise Compaoré et les membres du dernier gouvernement de Luc Adolphe Tiao, on peut mettre en accusation Sy Chériff et les membres de son Conseil national de transition pour les mêmes chefs d’accusation.
En effet, le Conseil national de transition est en train de commettre les mêmes erreurs que le régime déchu. A la seule différence qu’il n’y a pas une force politique en face pour dénoncer vigoureusement les actions maladroites qu’il prend. Autrement, le slogan « plus rien ne sera comme avant » semble avoir été mal compris au CNT. Au lieu donc de défendre la Constitution tel que ce fut le cas tout au long de l’année 2014, nos « honorables députés » veulent la « toiletter » en y introduisant des éléments dont eux seuls sont les concepteurs. Et le peuple souverain dans tout cela ? Dans deux mois, chaque institution de transition devra faire son bilan et le peuple appréciera.
Dabaoué Audrianne KANI