D'abord, ce 4 février 2015, le Premier ministre Isaac Zida n'a pas été menacé par les éléments du RSP. Ces derniers n'ont pas non plus empêché le Conseil des ministres de se tenir. La preuve est que les ministres étaient à la Présidence du Faso. C'est après avoir constaté l'absence du premier des leurs que l'autorisation leur a été donnée de repartir dans leurs ministères respectifs. Qui a donc dit que des éléments du RSP ont empêché le Conseil des ministres de se tenir ? Pourquoi, le Premier ministre qui s'est retrouvé chez le Mogho Naba au lieu de la Présidence du Faso n'a-t-il pas expliqué au peuple les raisons qui l'y ont conduit ? Si réellement des éléments du RSP l'attendaient, pour la deuxième fois pour lui régler ses comptes, pourquoi ne nous l'avoir pas dit pour qu'on sache réellement comment les choses se sont passées ? Qui donc profite de ce flou qu'on a entretenu autour de toutes ces questions au point de servir à un peuple qui ne cherche que sa liberté et son bien-être des vérités « assez bizarres » ? On ne peut bâtir ni sur du mensonge, ni sur du louvoiement.
Ensuite, toujours après toutes ces questions, le RSP a décidé de communiquer sur lui-même. En d'autres termes, il a ouvert ses portes à tous ceux qui voudraient en savoir davantage sur lui. Ainsi, on apprend que le RSP est un corps d'élites tout comme le Centre d'instruction des troupes aéroportées (CITAP) de Bobo-Dioulasso, le 23ème Régiment d'instruction commandos de Dédougou, ou encore le Régiment parachutistes commandos (RPC) de Bobo-Dioulasso. Autrement dit, c'est un régiment tout comme les autres régiments, mais justement en tant que RSP, il a ses spécificités. En termes de missions et d'avantages. Tout comme les autres régiments également. Question fondamentale : pourquoi donc avoir entretenu tout ce flou sur les missions du RSP tout en le présentant comme un corps lié exclusivement à la personne du président, surtout Blaise Compaoré qui l'a créé pour se maintenir au pouvoir ? Pourquoi donc avoir menti au peuple ?
Enfin, au sujet de ses revendications, le RSP a fait savoir qu'il n'a aucune raison de porter un coup dure à la transition dont il n'est pas en marge. Il a tout simplement demandé que l'ordre militaire organique soit rétabli en son sein afin que la sérénité revienne au sein de la troupe. Pourquoi, sachant bien que ses revendications sont légitimes, s'est-on tu là-dessus jusqu'à ce que ces questions soient portées sur la place publique ?
Quand on interroge la majorité de tous ces manifestants qui sont sortis le 8 février pour demander le démantèlement du RSP, beaucoup ne savent pas exactement de quoi répond ce corps. Même ceux qu'on ne croit. Car, si ce n'était pas le cas, certains propos entretenus et entendus de la bouche de certaines personnes à qui on pouvait encore accorder du crédit, ne devraient « sortir de leur bouche ». Maintenant que nous avons menti et exposé ceux de nos soldats les mieux formés presqu'à la « vindicte populaire », qu'est-ce qu'il faut faire ? Boko Haram est à nos portes. Les djihadistes maliens sont à nos frontières. Il y a la transition et il y a l'après-transition.
Dabaoué Audrianne KANI
