Zida est sur la bonne lancée
Le premier constat que l'on ne peut manquer de faire après cette décision, est la longueur de vue que partagent le Premier ministre et le chef de l'Etat sur la façon de gérer certains dossiers qui émanent de la gouvernance pour le moins répréhensible du clan Compaoré. Ainsi, si la première déclaration du Président Kafando n'a pas laissé le moindre doute sur sa détermination à combattre la corruption et la mauvaise gestion des deniers publics, on peut affirmer que les premières décisions du Premier ministre Zida ne démontrent pas moins la volonté de celui-ci de se lancer dans une œuvre de salubrité publique. Et ce ne sont certainement pas les directeurs généraux de la SONABEL et de la SONABHY qui diront le contraire. Ainsi, la dissolution des Conseils régionaux et communaux, non seulement s'inscrit dans la logique de changement voulu par l'insurrection des 30 et 31 octobre, mais aussi annonce, pour ce pays, la fin de l'impunité, de la gabegie et de l'arrogance. De ce point de vue, la dissolution des conseils régionaux et communaux est une suite logique dans la démarche adoptée par les nouvelles autorités ; maintenir à leurs postes des conseillers qui ont soutenu par tous les moyens la décision de tordre le cou à la Constitution burkinabè, serait la plus belle manière de pérenniser le système Compaoré avec tout ce qu'il a de négatif et qui a valu le soulèvement populaire des 30 et 31 octobre derniers. Le moment est venu où chacun doit rendre compte de sa gestion de l'argent du contribuable burkinabè. En 27 ans de règne sans partage, beaucoup de choses pas vraiment catholiques ont été faites tant dans la gestion du patrimoine public que dans la gestion du vivre-ensemble des Burkinabè, et beaucoup de rancœurs ont donc été accumulées. Tous ces ressentiments doivent être évacués pour permettre au peuple burkinabè de se réconcilier avec lui-même d'abord et d'amorcer avec sérénité sa progression vers un avenir plus prometteur. Dans ce sens, on peut dire que Zida est sur la bonne lancée. Reste maintenant à faire les choses sans passion et dans le discernement, en évitant surtout la précipitation.
Dieudonné MAKIENI