Car, au-delà des politiques, c'est toute la nation qui est concernée. Contrairement à ceux qui pensent et crient sur tous les toits que la question de l'article 37 n'est pas d'intérêt national; que le sénat une fois mis en place sera un instrument à la solde de quelques privilégiés pour se maintenir au pouvoir, et qu'enfin l'organisation d'un référendum qui donne la parole au peuple n'est pas une nécessité dans le contexte actuel. Dans les villages les plus reculés du Burkina, la question de l'article 37 est aussi à l'ordre du jour qu'elle l'est à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Autant des populations de Boussé sont intéressées par le référendum ou non, autant celles de Douroula attendent que leur fils qui devrait être sénateur le soit demain ou très prochainement. Que ce soit à Barani, à Loumana ou à Bolgatenga, les citoyens "chauffés à blanc" par les mêmes hommes politiques veulent aussi prendre part à ce dialogue. Car, si c'est une tradition burkinabé, le dialogue doit prendre en compte tous les Burkinabé.
Mieux, à la sortie de l'audience, Hermann Yaméogo a insisté pour saluer toutes ces personnalités «que nous avons rencontrées et qui nous ont demandé et insisté pour que nous allions au dialogue». Ces personnalités doivent-elles être exclues de ce dialogue? Quand on pousse un tout petit peu la réflexion, on se rappelle que les points de vue des communautés religieuses chrétiennes et musulmanes ne sont pas les mêmes sur ces questions. Elles les divisent, elles aussi. Faut-il les exclure de tout dialogue? Des organisations de la société civile, des associations et/ou mouvements de jeunes ou de femmes, des anciens à travers des organisations ont travaillé, chacun à son niveau pour instaurer le dialogue et préserver la paix. Est-il normal de les exclure de tout dialogue?
A défaut de les associer aux discussions proprement dites, Blaise Compaoré pourrait leur faire honneur en les recevant, pour recueillir au moins leurs propositions et profiter de l'occasion pour les remercier pour leurs apports à la construction de la nation. Car, des propositions, ils peuvent en avoir et de très pertinentes. Car, à confier un dialogue exclusivement à des politiciens, c'est confier ses moutons à des hyènes. Qui, non seulement vont se battre chacun pour dévorer le plus gros ou le plus grand nombre, mais ne s'entendront sur aucun chemin à emprunter pour les conduire au parc. Les exemples de dialogues qui ont foiré parce qu'ayant réuni exclusivement des politiciens sont légions. Plus près de nous, on peut citer la tentative faite par l'ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo et qui n'a pas fait long feu justement parce que les politiciens ont mis en avant des détails. Refusant du coup d'aborder les questions dans le fond, donc de les traiter. Espérons que cette fois-ci, sous l'égide du président du Faso, on aboutisse à des conclusions définitives et durables.
Dabaoué Audrianne KANI