De décembre 2014 à nos jours, ce ne sont pas les tentatives qui ont manquées. Lorsque l'on s'aventure au cœur des cendres de tout pouvoir totalitaire, comme l'était devenu celui de COMPAORÉ, ce qui importe, c'est la maîtrise ou l'anéantissement du maillage sécuritaire qui le rendait inaccessible. Dans le cas du Burkina, la chute du régime n'a pas pour autant rompu ce maillage qui, on se souvient, a été une réplique des FIMATS (Forces d'intervention du ministère de l'administration territoriale et de la sécurité) dont on suspectait SANKARA de vouloir mettre en place.
La plus dure des tentatives a été de vouloir démonter à chaud la garde de l'ex-président. Mauvaise initiative, puisque c'est elle qui a inspiré la transition actuelle par le coup d'État subtile fait au général Nabéré TRAORÉ ! Comme elle est la Transition, cette déstructuration s'est révélée quasi impossible à mettre en œuvre à l'heure actuelle et l'invité KAFANDO l'a bien appris à ses dépends, lui qui s'est vu imposé l'œil et le nez du RSP dans ses affaires quotidiennes, à travers son chef d'état major.
La seconde tentative a été de remplacer les acteurs du système aux leviers importants de l'économie comme les mines. Celle-ci également a été un fiasco parce que c'est une des pièces maîtresses du système de l'eldorado minier du clan COMPAORÉ qui a été portée au secrétariat général du ministère des mines. En effet, dans sa parution 16/04/2013, notre confrère AFRICA Intelligence a épinglé ce dernier dans son article « Burkina Faso : l'eldorado des anciens ministres » comme l'une des personnalités par qui « le président Blaise COMPAORÉ, via son frère François, tient fermement les rênes du secteur... ». Garantie de vie pour la Transition ou préservation des intérêts du clan COMPAORÉ ? À la lumière de l'aveu du président KAFANDO sur le fait que « tout est miné », on peut aisément créditer les deux hypothèses.
Dans un marché politique à reconstruire après l'insurrection, il y a beaucoup de parts à prendre parce que personne ne sait en réalité la force que représente chaque parti politique au niveau de l'électorat qui semble accourir au meeting plus par curiosité et envie de découvrir. À défaut de faire foi, le sondage Bendré / Bemahoun incite à plus d'ardeur à la conquête de l'électorat pour deux raisons. La monnaie a changé. Au lieu d'acheter les votes et les consciences par l'argent, c'est avec des programmes politiques qu'il faut le faire, même si certains continuent à croire que l'émergence de messies politiques, comme du temps de Blaise est une solution à nos problèmes. La seconde raison est que le marché est encore vierge, d'où la course effrénée des partis politiques à sa conquête pendant que Ouagadougou se démêle dans ses turpitudes politiques et sécuritaires consécutives à une nouvelle forme de démagogie entretenue par des apprentis politiciens.
La situation des 30 plus gros débiteurs du Trésor public semble être une petite publicité des efforts de la Transition qui n'émeut guère tous ceux qui s'attendaient à voir des noms bien connus épinglés par le rapport du Réseau parlementaire Burkindi en 2012. L'OBOUF-Gate, comme certains surnomment l'affaire des canettes périmées est peut-être une aubaine donnée à la Transition pour amorcer cette « déstructuration » du régime COMPAORÉ, par le bon bout, puisque là-bas, aucune alternative ne pointe vraiment à l'horizon pour excuser ce crime sanitaire dont la base est imputable à l'une des stratégies longtemps entretenues par l'ancien régime, de l'avis général et des rapports d'enquête : le faux et usage de faux en matière commerciale.
Il faut donner alors des gages à la population que cette « déstructuration » est vraiment en marche pour la construction du Burkina de nos rêves !
T TUINA