Dernière chance à l’élite politique

| 29.09.2014
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Dernière chance à l’élite politique
© DR / Autre Presse
Dernière chance à l’élite politique
Le Burkina Faso n'inventera pas les principes de bases de toute négociation dont le moins est qu'en y allant on accepte a-priori d'être flexible sur ses propres positions pour permettre un consensus dans lequel chacune des parties-prenantes se retrouverait. C'est un principe fondamental, sans lequel on ne saurait parler de négociation. Ensuite, il y a que sur la situation, c'est loin d'être la première négociation entre les différents acteurs, puisque depuis le Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques (CCRP) en passant par la médiation de l'ancien président Jean-Baptiste OUEDRAOGO, jusqu'à bien d'autres plus officieuses qu'officielles, la préoccupation a toujours été la même : préserver la paix sociale au Pays des Hommes intègres.

En vérité, il faut dire qu'en termes de négociations, il s'agira essentiellement de faire des concessions de part et d'autre puisque les positions sont connues, tout comme les moyens d'action des uns et des autres. L'équation est donc très simple et le processus de dialogue lancé mardi dernier ne devrait pas prendre du temps. Surtout que l'opposition n'aura plus d'alibi pour refuser de se présenter à la table des négociations.

C'est vraiment à y perdre son latin pour ne pas dire son «bissa» ! Comme à son habitude, Blaise COMPAORE a encore surpris tout le monde, apparaissant là où on l'attendait le moins. En décidant de renvoyer tout le landerneau politique et avec lui tous ceux qui se piquent d'analyses politiques jusqu'aux charlatans qui n'ont cessé de nous rabâcher les oreilles de prédictions aussi apocalyptiques les unes que les autres, à leurs chères études, en leur remettant sur le couvert les principales questions en débat sur la scène sociopolitique, Blaise COMPAORE fait non seulement preuve d'une ouverture d'esprit au-dessus du commun mais met chacun des acteurs devant ses responsabilités. En vérité, c'est une sorte de session de rattrapage qui lui est offerte et que notre élite politique devait saisir au bond. Ce serait une très mauvaise idée, si elle ne le faisait pas, de la vendanger.

Il ne faut pas effectivement s'y tromper, cet appel au dialogue inespéré est une aubaine pour la classe politique de montrer sa maturité et sa capacité à s'élever au-dessus de ses propres micro-calculs pour donner la chance aux intérêts réels du peuple de prospérer. Loin d'être un cadeau ou un canular, cette offre de dialogue, en dépit des positions tranchées des uns et des autres, est une réponse à une tradition nationale ancrée dans nos mœurs. Elle interpelle chaque acteur pris individuellement avant même de s'adresser aux différents regroupements auxquels les uns et les autres appartiennent. Une sorte d'examen de conscience qui s'impose et de laquelle devra jaillir une prise de position responsable.

S'il fallait le leur expliquer en français facile, on dirait à chacun qu'il s'agira de répondre à la question «qu'est-ce que je dois faire pour préserver la paix dans mon pays ?» ou autrement «qu'est-ce qui dans mon action pourrait attenter à la paix sociale ?» Des questions à la fois lourdes et simples dont les réponses peuvent reposer sur des analyses lucides et responsables ou sur des rhétoriques politiciennes et des a-priori.
Le Burkina Faso n'inventera pas les principes de bases de toute négociation dont le moins est qu'en y allant on accepte a-priori d'être flexible sur ses propres positions pour permettre un consensus dans lequel chacune des parties-prenantes se retrouverait. C'est un principe fondamental, sans lequel on ne saurait parler de négociation. Ensuite, il y a que sur la situation, c'est loin d'être la première négociation entre les différents acteurs, puisque depuis le Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques (CCRP) en passant par la médiation de l'ancien président Jean-Baptiste OUEDRAOGO, jusqu'à bien d'autres plus officieuses qu'officielles, la préoccupation a toujours été la même : préserver la paix sociale au Pays des Hommes intègres.

Tout ce processus s'est fait avec des succès et des avancées réelles, tout comme il a connu des blocages et des points d'achoppement sur lesquels il semble qu'aucun consensus ne peut être trouvé. C'est à ces montagnes qu'il s'agit de s'attaquer en ayant à l'esprit que si on en est toujours à rechercher des solutions, c'est que non seulement les premiers dialogues ont échoué mais que ni les marches, ni les meetings, ni les conférences publiques, ni les tournées outre-mer et outre-Atlantique, n'ont apporté les réponses à même de clore les débats. Partant de ce constat, il est évident que personne ne devrait camper sur ses positions premières, encore moins vouloir que le camp opposé rende les armes sans autre forme de procès. Or, on l'a vu, l'opposition n'a jamais fait mystère qu'elle n'abandonnerait aucun de ses «ni» pour rien au monde. D'ailleurs, à la sortie de la rencontre avec le Président du Faso ce mardi 23 septembre, elle ne dit pas autre chose. Le CFOP a purement et simplement réaffirmé qu'elle restait opposée à la mise en place du Sénat et à la modification de l'article 37. Un statu quo qui indique qu'on est loin du bout du tunnel. Faut-il pour autant désespérer ?

Assurément non car entre les déclarations d'intention et ce que pourraient accoucher des négociations, il y a de réelles possibilités d'évolution. Cela est déjà perceptible avec le climat social lui-même qui, sans être totalement apaisé, est loin de la tension à couper au couteau du début d'année. Il faut s'en réjouir même si cela est beaucoup plus à mettre au compte de l'exaspération des militants et du surplace constaté que de la volonté réelle des acteurs à retourner à de meilleurs sentiments.
En vérité, il faut dire qu'en termes de négociations, il s'agira essentiellement de faire des concessions de part et d'autre puisque les positions sont connues, tout comme les moyens d'action des uns et des autres. L'équation est donc très simple et le processus de dialogue lancé mardi dernier ne devrait pas prendre du temps. Surtout que l'opposition n'aura plus d'alibi pour refuser de se présenter à la table des négociations.
L'autre constante dans ce processus est que comme l'a dit le Président du Faso dans son message à la nation de décembre dernier, en cas de désaccord inconciliable entre les acteurs, il appellerait à l'arbitrage du peuple.

Pas plus compliqué que cela. La classe politique dirigeante a donc tout intérêt à trancher et à se mettre à la hauteur de ses responsabilités. En effet, si le peuple était obligé à prendre la parole pour décider, elle se serait discréditée elle-même et on pourrait en toute légitimité se demander si elle traduisait réellement dans ses dispositions actuelles les intérêts et les aspirations de ce peuple. Une question lourde de conséquences, car elle induirait l'éventualité de redemander au même peuple de désigner de nouveaux représentants qui seraient beaucoup porteurs de ses aspirations.
Tous comptes faits, cela ne serait-il pas in fine la meilleure solution ?!

Cheick AHMED
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