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Départ Gilbert du RSP : Réplique du séisme du 30 Octobre

| 28.11.2014
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Départ Gilbert du RSP : Réplique du séisme du 30 Octobre
© DR / Autre Presse
Départ Gilbert du RSP : Réplique du séisme du 30 Octobre
Par trois décrets présidentiels rendus publics hier jeudi 27 novembre 2014, le président de la transition, Michel Kafando, a mis fin aux fonctions de trois personnalités de haut rang. Il s'agit, suivant le numéro d'ordre inscrit en haut de page de ces trois décisions (lire page 4), de Djibrina Barry, précédemment secrétaire permanent du Conseil présidentiel pour l'investissement, du général de brigade Gilbert Diendéré, anciennement chef de l'état-major particulier de la présidence du Faso, et de Damo Justin Baro, ci-devant conseiller spécial du président du Faso.

Lire aussi : Décrets mettant fin aux fonctions: conseiller spécial, secrétaire permanent et chef de l'Etat-major particulier de la présidence du Faso

Simple disgrâce, nettoyage des écuries de Blaise, purge au sommet de l'Etat, début d'une «déblaisification» ? Chacun ira de sa lecture et de ses commentaires.

Mais s'il y a un dans ce trio de victimes de la «fatwa» présidentielle dont le cas va alimenter pendant longtemps la chronique, c'est bien celui du général Diendéré. Tant cet homme de l'ombre et de «tous les coups» a incarné à lui, près de trois décennies, le fondement militaire du régime Compaoré.

Au point que si la chute de Blaise Compaoré, le 30 octobre, a constitué un séisme dans le microcosme politique burkinabè, ce limogeage (?), quelque trois semaines après, en serait la réplique. Tant, une fois de plus, cet officier supérieur fut de tout temps au cœur du dispositif militaire et sécuritaire du pouvoir déchu. Si bien que dès l'abdication du maître de Kosyam confirmée, la question était de savoir ce qu'il advenait du Fouché de la IVe République, toutes proportions gardées. A-t-il suivi son patron dans son exil à Yamoussoukro ? S'est-il retranché en un lieu sûr ? Autant d'interrogations qui ont donné lieu à toutes sortes de conjectures. Jusqu'au jour où le numéro un du très redouté Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a fait son apparition, en toute sérénité et à la surprise générale, dimanche 2 novembre, au Conseil économique et social (CES), où le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, alors nouvel homme fort du pays, recevait des délégations en vue de dessiner la feuille de route de la transition.

Il n'en fallait pas plus pour qu'une partie de l'opinion voie l'ombre tutélaire Diendéré planer sur Zida, naguère numéro deux du RSP.

C'est vrai que le décret portant fin des fonctions du chef de l'état-major particulier de la présidence du Faso a été signé par le président de la transition, Michel Kafando. Mais point besoin d'être un grand clerc pour deviner que la décision a pu être inspirée par le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, au demeurant, ministre de la Défense.

Soupçonné, comme nous l'avons indiqué plus haut, d'être un homme de main de Diendéré, le chef du gouvernement a-t-il voulu par cet acte offrir des gages de son affranchissement ?

A première vue, tout laisse croire qu'il s'agit là d'une mise à l'écart du «sécurocrate» du défunt régime. Oui, à première vue.

Toutefois, il faut faire attention aux apparences. Car ce qui peut paraître comme un limogeage peut se révéler n'être qu'un simple gentleman agreement entre frères d'armes d'un corps d'élites entièrement dévoué à son géniteur, Blaise Compaoré. L'un préférant s'éclipser pour ne pas gêner l'autre.

Mais évincement ou pas, arrangement ou non, pour sûr, le départ de «Golf» de la tête du RSP préfigure de grands bouleversements dans le dispositif militaire et sécuritaire laissé par l'ancien régime. Et ceux qui s'interrogeaient sur la nécessité de la présence de l'armée dans les organes de la transition ont peut-être là un début de réponse.

En effet, si la réforme de la Grande Muette, notamment du RSP, est l'une des grandes tâches, voire la plus difficile de cette transition, qui plus qu'une personne très avertie de la question est la mieux indiquée pour l'accomplir ?

Ce nécessaire aggiornamento de la troupe, particulièrement de la garde prétorienne, pourrait s'avérer moins périlleux d'autant plus que c'est à un Premier ministre militaire, qui plus est un pur produit du RSP, que revient la mission de détricoter ce qu'il a contribué à tricoter des années durant.

Alain Saint Robespierre

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