Au fait, on sait bien que l'un des goulots d'étranglement du Conseil constitutionnel résulte du mode même de désignation des membres qui le composent. En effet, il est entre autres, composé de trois magistrats nommés par le président du Faso sur proposition du ministre de la Justice, de trois personnalités nommées par le président du Faso himself, de trois autres personnalités nommées par le président de l'Assemblée nationale et enfin de trois personnalités nommées par le président du Sénat. Comment donc peut-il en être autrement ? Que peut-on attendre d'une telle équipe qui doit sa promotion à des responsables politiques ? Il est très difficile, comme le dit l'adage, de scier la branche sur laquelle on est assis. Et c'est ce qui fait que de bon ou de mauvais gré, le Conseil constitutionnel nous a habitués à cette comédie qui consiste à recevoir sous pli confidentiel les déclarations des biens des personnalités, toute chose qui va à l'encontre de l'un des principes cardinaux de la bonne gouvernance, qui est la transparence. Dans la mesure où la déclaration des biens se fait à l'entrée et à la cessation des fonctions, il convient de les rendre publiques pour que l'opinion puisse s'en faire une idée. Surtout que très malheureusement, sur la liste des biens à déclarer ne figurent pas les numéros des comptes bancaires. Pourquoi, comme on se plaît d'ailleurs à le faire, ne pas prendre l'exemple sur les Occidentaux qui, en la matière, ne savent pas faire dans le sentiment ? En tout cas, le Conseil constitutionnel fait preuve de bonnes intentions. Mais dans un Burkina où l'honneur est puni et seules la perfidie et l'indélicatesse sont récompensées, il est peu de dire qu'il a du pain sur la planche. Car qui a peur de qui au Burkina ? Qui est mieux placé que qui pour faire une enquête sur l'autre ? En fait, on se demande à l'analyse, si cet atelier organisé par le Conseil constitutionnel ne vise pas, comme il est de coutume, à charmer les partenaires techniques et financiers plutôt qu'à plaire au peuple. Le moment choisi pour organiser cet atelier en dit long dans la mesure où il intervient dans un contexte où le Burkina traverse une crise politique. Veut-on donc rassurer les investisseurs ? Bien malin qui saura répondre à cette question. Toujours est-il que le combat contre la délinquance financière au Burkina peut donner les résultats escomptés pour peu qu'il y ait plus de volonté politique. Pourquoi ne pas passer d'un Conseil constitutionnel à une Cour constitutionnelle dotée d'un pouvoir de répression ? Cela aura l'avantage d'éviter ces pesanteurs expresses qui veulent qu'en cas de manquements, ce soit le chef de l'Etat qui sanctionne, alors que lui-même, pour autant que l'on sache, doit être soumis à la rigueur de la loi. De toute façon, les membres du Conseil constitutionnel doivent tout faire pour s'affranchir de la tutelle de leurs parrains (ceux qui les ont nommés) pour travailler dans l'intérêt de la nation.
Boundi OUOBA