De l’inopportunité des tournées d’Auguste Barry

| 12.03.2015
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De l’inopportunité des tournées d’Auguste Barry
© DR / Autre Presse
De l’inopportunité des tournées d’Auguste Barry
Débats houleux au Ghana, échanges tendus au Mali pour finir par une chasse-poursuite en Côte d'Ivoire, précisément à Abidjan, avec exfiltration de la délégation ministérielle par les forces de l'ordre ivoiriennes, sinon on pouvait en arriver au pire. Tel est, ramassé par Mounafica, le bilan désastreux de la tournée d'explication entreprise par le ministre burkinabè de l'Administration territoriale, en charge donc aussi des élections, même si l'organisation pratique est confiée à la CENI.

Mounafica se demande toujours pourquoi avoir entrepris cette tournée. Les arguments avancés pour que les Burkinabè de l'extérieur ne votent pas ne souffrent d'aucun doute, ils sont même du béton armé. Une tournée aurait son sens si les Burkinabè de l'étranger avaient pris l'habitude de voter et que la Transition, faute de moyens financiers, aurait décidé de ne pas leur permettre d'accomplir ce droit citoyen; mais là, on est dans une situation où, depuis la nuit des temps, les Burkinabè de l'extérieur regardaient sans rien dire les autres nationalités aller aux urnes dans les différents pays où ils vivent. Cela ne gênait personne.

Mounafica comprend alors difficilement pourquoi le ministre de l'Administration a initié une telle tournée. Des dépenses inutiles pour une cause toute aussi inutile. Il faut dire quelque chose à la souris et aussi des choses au soumbala; son odeur.

Où étaient toutes ces associations de jeunes depuis tout ce temps? Dans cette affaire, il y a anguille sous roche. Par leur comportement de vandales, ces associations ajoutent de l'eau au moulin de ceux qui estiment que l'ancien président Blaise Compaoré tire les ficelles pour mettre à mal la Transition; et donc son refuge à la barbe de la Transition constitue un gros problème diplomatique. Un réfugié politique a-t-il le droit de se mêler des affaires politiques de son pays natal? Non, disent les organisations de la société civile du Faso qui sont allées voir le président de la Transition pour une explication sur le statut exact de Blaise Compaoré. Ce n'est pas tout. Les autorités ivoiriennes aussi doivent ouvrir l'œil et le bon pour canaliser l'énergie soudaine débordante de certains membres de la diaspora burkinabè. Il y va de l'intérêt des relations séculaires entre les deux pays.

Depuis longtemps, le capitaine Moussa Dadis Camara est au Burkina. Il se la coule douce et jamais il n'a osé se mêler des affaires politiques de son pays. Mounafica s'en souvient comme si c'était hier avoir essuyé un refus, quand il a voulu juste un petit mot de ses sentiments quand Ebola sévissait dans son pays, la Guinée Conakry. Il avait répondu: «Mon frère, vous savez, même dans cette situation dramatique, si je dis quelque chose, cela peut être mal interprété. Donc, acceptez que je garde le silence».

Si Blaise Compaoré avait refusé de recevoir des émissaires de l'ancien parti au pouvoir, on n'en serait pas à cette idée saugrenue d'organiser une caravane pour aller le voir à Abidjan; et c'est sûr que son parti pouvait prendre son destin en mains, comme d'ailleurs le FPI ivoirien tente de le faire. Il faut savoir tourner les pages, sinon on ne peut pas lire le livre.

Mounafica, tout œil, tout ouïe!

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