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Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Les médiateurs de la Cédéao ont proposé dimanche soir à Ouagadougou un «projet d'accord politique de sortie de crise» au Burkina Faso, prévoyant de restaurer le président Kafando, renversé jeudi par un coup d'Etat militaire, et d'amnistier les putschistes. Sur place, les réactions sont plutôt négatives du côté de la société civile par exemple, tandis qu'on se réjouit dans le camp des partisans de l'ancien président Compaoré.
Le schéma de sortie de crise proposé par les médiateurs de la Cédéao est une honte selon Guy Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen, l’une des organisations de la société civile. Réaction indignée, fureur envers le sénégalais Macky Sall accusé d’avoir tout cédé aux militaires putschistes.
Guy Hervé Kam dénonce la Cédéao de légitimer le coup d'Etat : « Les putschistes qui ont fait le coup d’Etat ont dit dans leur première déclaration que c’est pour permettre des élections inclusives, pour permettre au candidat déclaré inéligible par le Conseil constitutionnel d’être éligible. Et là, la Cédéao accède à tous ca. Nous, nous considérons tout simplement que les chefs d’Etats de la Cédéao ne peuvent pas cautionner, légitimer ainsi un coup d’Etat. Les chefs d’Etat de la Cédéao voudraient relégitimer des coups d’Etat dans notre sous-région. Ils adoptent tout simplement ce protocole d’accord. Et désormais dans la sous-région, toute personne qui n’est pas d’accord, qui sent que le pouvoir peut lui échapper fait un coup d’Etat et on vient entériner tout ce qu’ils demandent. C’est aussi simple que cela. »
Moins tranchant, mais tout aussi déçu, l’opposant Roch Marc Christian Kaboré s’est dit surpris par les propositions de la Cédéao. L’homme qui avant le putsch faisait figure de favori de la présidentielle ne comprend pas pourquoi la Cédéao veut réintégrer les candidats pro-Compaoré exclus par le Conseil constitutionnel.
Le professeur de droit constitutionnel Luc Marius Ibriga, qui est l'un des rédacteurs de la charte de la transition, a regretté pour sa part que ces propositions remettent en cause des dispositions importantes de la Constitution. Elles placent, selon lui, « le Burkina-Faso sous tutelle ».