Le Quotidien : Après la signature de la Charte de la transition, nous sommes à la phase des installations des organes de la transition, comment se prépare cette phase ?
Issaka Zoungrana : Effectivement, cette phase de la mise en place des organes a déjà démarré à partir du moment où le président a été élu. Il a été désigné par le collège de désignation qui est également une institution de la Charte. Après son installation, il est question de former le gouvernement et selon le chronogramme qui a été établi, le mercredi, on connaitra le nom du Premier ministre, et samedi, on aura le premier Conseil de ministres. Mais, il y a un autre organe qui est très important, c'est l'organe législatif, en l'occurrence le Conseil national de transition qui compte 90 membres dont 25 membres issus de la société civile. Actuellement, on a demandé à chaque composante, c'est-à-dire à la société civile et aux militaires ainsi qu'aux partis politiques d'amener leurs représentants. Au niveau de la société civile, nous nous sommes organisés pour voir de façon pratique comment nous allons choisir nos 25 représentants pour ce Conseil national de transition.
Dans le cadre de cette désignation de vos représentants, vous avez tenu une réunion, le 17 novembre dernier. Est-ce que vous vous accordez sur les modalités de désignation ?
Effectivement, auparavant, nous avons mis en place un comité et celui-ci, a convoqué les associations pour voir comment, de façon pratique, nous allions choisir nos 25 membres. C'est ainsi qu'on a défini des focus et il était question de mettre un point focal par focus afin de désigner ces différents membres. Les focus étaient composés, entre autres, des mouvements et associations spontanés, le focus développement, le focus démocratie et civisme, le focus droits humains, le focus presse. Donc, au niveau de chaque focus, on a voulu choisir un représentant et c'est le choix des représentants par focus qui a failli entrainer des problèmes.
Alors, que s'est-il passé ?
Par focus, il était question de demander des volontaires pour être représentants. Quand on donne le nom du focus, ceux qui sont volontaires lèvent la main et de façon spontanée, la foule décidait d'ovationner une personne qu'elle pensait être à mesure de représenter le focus. Quand je prends le cas du focus des mouvements et associations spontanés, la foule, de façon unanime, a trouvé que c'est Hervé Ouattara du CAR qui était la personne habilitée à représenter ce focus. A notre grande surprise, nos amis du Balai citoyen, en l'occurrence Smokey, a demandé à prendre la parole. Il est venu au niveau du présidium. Alors qu'on lui même donné la parole, pour faire une motion. Il dira qu'il n'est pas d'accord avec la procédure, notamment le fait qu'on prenne Hervé Ouattara comme le point focal de ce focus. C'est ainsi qu'il y a eu des tractations, des échauffourées. Mais on est arrivé à calmer la situation et à demander au Balai citoyen de se calmer. Parce que dès le départ, on a voulu par la suite associer le Balai citoyen à la rédaction de la Charte. Et avant même la rédaction de la charte, il y avait des associations qui condamnaient le Balai citoyen comme quoi, ce mouvement avait vendu la lutte aux militaires parce qu'il s'est mis au devant des choses avec les miliaires. Mais, nous avons dit que dans toute chose, même si c'était le cas, personne n'est à l'abri de l'erreur. Il faudrait quand même que la société civile parle d'une même voix et qu'on puisse aller en rang serré. Nous sommes des responsables et nous devons agir en responsables. C'est ainsi qu'on est allé rencontrer Smokey et on lui a dit de venir pour qu'on travaille ensemble. Il a répondu favorablement à notre appel. Il a même été désigné comme membre du comité de rédaction de la Charte. Il a donné son accord et c'était le lundi 3 novembre. Il a participé aux premiers jours des travaux et après il s'est fait représenter par un membre de son mouvement soit disant qu'il n'avait pas le temps. Ce dernier est venu et a participé aux travaux. Et on devait passer en plénière. A la plénière, ce dernier se lève et dit qu'il ne peut pas parler au nom de sa base et qu'il faut qu'il rendre compte à sa base afin de revenir. On dit qu'il n'y avait pas de problème. A partir du moment où c'était une plénière, on a pensé qu'il était assez représentatif de sa base. Il est parti et pendant qu'on était en pleins travaux, le mardi 4 novembre, on reçoit une correspondance du Balai citoyen disant que le Mouvement est au regret de ne pouvoir continuer leur participation et il décline l'invitation, parce qu'il juge que le document devant contenir la synthèse des propositions de la Charte est tellement important qu'il est hasardeux pour eux de le produire dans de telles conditions. C'est-à-dire dans la précipitation et dans la confusion. Nous avons pris acte et c'est ainsi qu'ils n'ont plus participé aux travaux. Maintenant, qu'il est question de désignation des membres devant représenter la société civile au Conseil national de transition, ils viennent et nous disent qu'ils ne veulent même pas faire partir des organes. Vous ne voulez pas faire partie des organes et mieux vous dites que vous ne faites même pas partie des travaux du comité de rédaction. Effectivement, on n'a même plus vu Smokey depuis qu'il est parti. Le jour de la désignation, il vient et fait une motion pour dire qu'il est contre même la désignation d'un représentant d'un focus. Nous avons dit non. Ce n'est pas comme cela que les choses doivent se passer ! Heureusement, nous avons continué à mettre en place nos représentants. Malheureusement, Smokey s'est entêté et est même monté sur la table du présidium pour s'adresser à l'assistance. Les membres du présidium ayant constaté ce brouhaha se sont retirés. Mais, ils ont pris le soin de prendre les noms des représentants de chaque focus.
Et en quoi consistent ces focus ?
Chaque focus doit se retrouver pour désigner en son sein ses représentants. Puisqu'on a donné des quotas. Donc, ils se retrouvent par focus, pour désigner leur mode de désignation. Et plus tard jeudi, ils doivent transmettre les noms des membres de leurs focus au comité afin que ce dernier transmettre ces noms au Conseil constitutionnel, je me dis, pour publication.
A part l'autre incident, y a-t-il d'autres problèmes dans la désignation ?
A part ça, il n'y a pas eu de problème particulier. Si ce n'est des petits problèmes qu'on entend par ci par là. En l'occurrence, il y a des individus qui pensent que certains de ne sont pas des membres de la société civile. Ils disent que ce sont des politiciens qui sont là. Alors que lors de la lutte, ces mêmes gens se battaient au nom de la société civile pour la chute de Blaise Compaoré. En son temps, il n'y a jamais de stigmates à leur égard. Donc, je ne comprends pas pourquoi aujourd'hui, on dit que ce sont des politiciens. Donc, il faudrait quand même que les gens évitent de blâmer. Si les gens n'ont pas les informations nécessaires, qu'ils se renseignent bien à la source avant d'avancer certains propos.
Par Yaya Issouf MIDJA