Après avoir écouté l’échange téléphonique entre Diendéré et fils, on se rend compte que le père s’accrochait à rien et sa tentative de coup d’Etat ne pouvait pas réussir.
Diendéré aurait dit à son fils: «Est-ce que tu sais que les enfants ont fui?» Et son fils de répliquer: «Il y a 3 jours, ils étaient là!» Et le père de se désoler: «Ils étaient là à cause de l’argent... nous leur en avons donné. Quand ils ont pris, ils ont immédiatement fui (...) D’abord, ils ont pillé entre eux. Ensuite, dès qu’ils ont fini, chacun a pris sa mobylette et il est parti. Tous sont partis (....) J’ai compris que ce n’est pas le combat qu’ils voulaient mais l’argent...».
Voici notre analyse.
Un militaire va au combat pour défendre une cause. Cela s’apprend dans tous les groupements d’instruction militaires. On ne se bat pas pour quelque chose, on se bat pour la Patrie.
Dans ce cas précis, on se demande pour quelle cause les éléments du RSP devaient-ils se battre. Eviter que le RSP soit dissout? Permettre à Gilbert Diendéré d’être chef de l’Etat? Assurer le retour du CDP au pouvoir?
Il n’y avait aucune raison parmi toutes ces hypothèses qui pouvait justifier qu’un soldat se battre contre ses frères d’armes. La seule raison valable de l’engagement des enfants, comme il les appelle, c’est l’argent. On leur avait promis de l’argent s’ils travaillaient de sorte à ce que le putsch réussisse. Mais après avoir veillé pendant des nuits, organisé des patrouilles dans les rues de Ouagadougou des jours durant et ne voyant rien venir, ils ont mis la pression sur Diendéré qui a donné l’argent.
Pendant qu’ils étaient en attente de cet argent, ils ont appris que les sous-officiers et officiers ont perçu de fortes sommes de la part de Diendéré. Le rapport de la commission d’enquête sur le putsch parle de 5 millions que certains auraient reçus. Une fois en possession des sommes, les «enfants» ont promis d’occuper les positions pour engager le combat. Ils ont donc prétexté l’occupation des positions pour quitter Naaba Koom 2 avant de se rendre au camp Lamizana pour s’inscrire.
Diendéré s’est retrouvé esseulé dès cet instant pour avoir eu cette mauvaise lecture de la situation. C’est ce qui aurait pu justifier sa demande d’assistance étrangère.
Pourtant, dans l’autre camp, c’est-à-dire dans les rangs des forces armées nationales et le reste de la société (société civile, syndicats, etc.), les uns et les autres avaient une cause pour se battre: «l’intégrité de la nation, la défense de la démocratie, le refus du retour du CDP au pouvoir et le rejet de la suprématie et de l’humiliation dont le RSP a été coupable depuis des années». Ces raisons sont valables pour engager une lutte, sortir affronter des armes lourdes les mains nues, accepter de mourir.
Comme dit l’adage, à quelque chose malheur est bon. Il a fallu que Diendéré commette cette erreur en organisant son putsch pour que les Burkinabè, dans leur large majorité, se soulèvent contre lui et l’arrêtent pour le remettre à la justice. Aujourd’hui, il va devoir rendre compte pour tout le mal vrai ou supposé dont on l’accable depuis 30 ans maintenant.
Abouga Tagnan