Avec les éléments de l’ex-RSP dont il est en réalité le commandant en chef, le général s’est dit qu’il pouvait s’imposer aux Burkinabè, ramener les candidats du CDP exclus par le Conseil constitutionnel dans la course présidentielle et empêcher les dirigeants de la Transition de démanteler le RSP. Mais c’est là l’erreur fatale du général qui pensait que le peuple burkinabè est demeuré le peuple mouton qui a été conduit jusque-là par Blaise Compaoré. «On peut tromper tout le peuple un certain temps, où tout le temps une partie du peuple. Mais on ne peut jamais tromper tout le peuple tout le temps», disait Abraham Lincoln.
Pour preuve, ce peuple burkinabè, qui fait aujourd’hui la fierté des peuples africains, a prouvé au monde entier qu’on ne pouvait plus se jouer de lui, en donnant une bonne leçon de démocratie au général Diendéré et à tous ceux qui tenteraient d’emprunter le même chemin. Ce putsch a également permis à notre armée nationale de rappeler au chef des putschistes que le premier devoir d’un soldat est de défendre son peuple, sa patrie au péril de sa vie et non d’utiliser les armes contre lui.
A l’épreuve des faits, on note que, dans ce putsch, le général Gilbert Diendéré a tout perdu. Son honneur, sa dignité, le respect qu’on avait pour sa propre personne, sa liberté. Oui, Diendéré a perdu sa liberté car il est désormais entre les mains de la gendarmerie et doit répondre devant la justice de tous les crimes qu’il a eu à commettre, réels ou supposés, sous le régime Compaoré.
Si Diendéré avait pris au sérieux le peuple burkinabè, l’idée d’organiser un putsch à quelques jours de l’ouverture de la campagne pour les élections générales qui devaient mettre un terme à la Transition amorcée depuis la chute de Blaise Compaoré, dont il est l’ancien bras droit, n’allait pas lui traverser l’esprit. On est tenté de dire qu’il a la mémoire courte, car il pouvait se servir de l’exemple de son mentor, Blaise Compaoré, qui a été contraint de fuir Kosyam en plein jour. Mais malheureusement, il n’a pas retenu la leçon, car le 16 septembre, il est sorti des ténèbres pour montrer au monde entier ce qu’est véritablement son vrai visage.
L’exemple du Burkina devrait servir de leçons à tous ceux qui méprisent leur peuple en le traitant de mouton. Nos chefs africains ne doivent pas penser que ce qui est arrivé au Burkina doit rester au Burkina, car, comme le disait Robespierre, « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs ».
Aujourd’hui, une nouvelle page s’ouvre pour le Pays des Hommes intègres. Même si ce coup d’Etat a été absurde, il va permettre aux Burkinabè de connaître les tenants et les aboutissants de tout ce qui s’est passé depuis 1987 jusqu’au 16 septembre 2015. Les familles de Thomas Sankara, Norbert Zongo, Boukary Dabo, le juge Nébié, etc., vont enfin savoir qui leur a retiré leur enfant, qui les a rendu veuves, orphelins. Même si cela ne va pas ramener leurs fils, maris, pères, au moins il va contribuer à apaiser leur cœur, car il n’y a rien de pire dans la vie d’un homme que de vivre dans le doute et dans l’injustice. Les morts aussi vont enfin trouver le repos éternel.
A cela s’ajoute de nombreux autres crimes économiques que le pays a enregistrés durant les années de gestion de Compaoré et son clan. Diendéré, considéré comme la boîte noire du régime Compaoré, doit tout dire, il doit se confesser car c’est la seule chose qui lui reste à faire pour espérer la clémence du bon Dieu. Et c’est sûr que certaines personnes ne trouvent plus le sommeil car des têtes vont tomber si notre très cher général ouvre la bouche. « Si Gilbert Diendéré parle, l’insurrection populaire va réussir parce que tout va sortir. Enfin, le peuple va sortir grandi. Nous saurons qui a fait quoi avec qui et pourquoi », disait Valère Somé, dans une interview accordée à la Radio Liberté. Peu importe qui est impliqué ou pas. Les coupables doivent payer pour tous les crimes qu’ils ont commis, toutes les souffrances qu’ils ont fait endurer au peuple burkinabè. Et en ce moment, tous les regards sont tournés vers la justice, car le peuple a déjà fait son travail. Vivement que cette justice soit à la hauteur des attentes du peuple pour qu’enfin cessent tous les crimes, les manigances, la corruption, l’injustice...
Madina Belemviré