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Côte d’Ivoire-Burkina Faso: sauver la diplomatie en épargnant la justice

| 16.02.2016
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Entretien du Président du Faso, S.E.M. Roch Christian Marc KABORE avec le Président ivoirien, S.E.M. Alassane OUATTARA, ce vendredi 29 Janvier 2016, à Addis-Abeba (Éthiopie), en marge du 26 ème Sommet de l'Union Africaine. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© Présidence CI
Entretien du Président du Faso, S.E.M. Roch Christian Marc KABORE avec le Président ivoirien, S.E.M. Alassane OUATTARA, ce vendredi 29 Janvier 2016, à Addis-Abeba (Éthiopie), en marge du 26 ème Sommet de l'Union Africaine. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
C’est sûrement faire dans l’euphémisme que de dire que l’affaire du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro risque de dégrader gravement les relations politico-diplomatiques entre le Burkina et son pays frère, ami et même tantôt complice, la Côte d’Ivoire. Les faits reprochés au président de l’Assemblée nationale ivoirienne sont tellement graves qu’il est inimaginable pour la partie burkinabè de passer le dossier par pertes et profits au nom d’un quelconque souci de préservation de bons rapports entre pays ou dirigeants.


Il serait cependant inélégant et malaisé de chercher à entendre la deuxième personnalité d’un pays voisin comme on interpellerait un citoyen lambda. Toutefois, en partant du principe que nul n’est au-dessus de la loi, il est important pour les deux pays, pour éviter qu’aucun de leurs régimes actuels ou à venir subisse encore un mauvais tacle comme celui que l’ancien Premier ministre et ex-chef de rebelles ivoiriens a administré à la Transition burkinabè, que l’on mette ce dernier face à ses responsabilité.

L’épineuse équation à résoudre reste, bien entendu, de trouver la manière qui soit la moins périlleuse pour les intérêts des deux pays, sans pour autant mettre les intérêts individuels égoïstes en avant. La partie ivoirienne croit avoir trouvé la solution à cette épreuve corsée en invitant les autorités burkinabè à privilégier la voie diplomatique. Ce qui est déjà moins condamnable que les déclarations irresponsables des parlementaires proches de Soro, et le silence aux allures de mépris que le gouvernement ivoirien avait adopté après l’émission du mandat d’arrêt.

Ce qui est tout de même déplorable du côté burkinabè, c’est la pression que subit le juge à qui le dossier a été affecté aux fins d’obtenir la levée de ce mandat. Le commissaire du gouvernement a beau essayer de sauver les apparences en tentant de démentir cette information, les praticiens du droit et les habitués de ce genre d’affaires sont fermes là-dessus: il y a bel et bien eu une demande de levée de ce mandat, qui ne peut être introduite que sur instruction du ministre de la Justice. Aussi clair que l’eau de roche!

Si c’est de bonne guère que l’affaire soit réglée sans trop de frustrations de part et d’autre, il est plus qu’impérieux de ne pas sacrifier la Justice sur l’autel de la diplomatie. Ce qui peut être envisagé, c’est de trouver un arrangement avec la Justice burkinabè pour qu’elle entende Guillaume Soro sous l’égide de la diplomatie. Peu importe le lieu où le moment où cette indispensable audition pourrait avoir lieu, pour peu que l’on ne foule point au pied les principes juridiques et judiciaires en la matière. S’y prendre autrement serait semblable à une tentative malsaine de déshabiller la Justice pour habiller la diplomatie.

Toute chose qui ne manquerait pas de créer un précédent dommageable aux processus d’ancrage démocratique amorcés par le Pays des Hommes intègres et celui d’Houphët-Boigny qui, il ne faut pas l’oublier, reviennent de loin. Il y va donc de l’intérêt de tous d’épargner la Justice en voulant sauver la diplomatie.

Les Echos du Faso

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