Consultations interminables: il va falloir bien arrêter

| 08.11.2014
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Consultations interminables: il va falloir bien arrêter
© DR / Autre Presse
Consultations interminables: il va falloir bien arrêter
Cela fait déjà plus d'une semaine que le lieutenant-colonel, Yacouba Isaac Zida est aux commandes du Burkina Faso. Arrivé au pouvoir le 31 octobre 2014 suite à la démission forcée de l'ancien dictateur Blaise Compaoré, il assume actuellement les fonctions du chef de l'Etat.

 

A ce titre, il a entrepris une série de rencontres dont celle avec les Secrétaires généraux des ministères et les gouverneurs des régions pour leur donner des instructions allant dans le sens de la continuité des services. Le lieutenant-colonel a rendu également visite aux leaders coutumiers, religieux et échangé avec des acteurs politiques et de la société civile. De même, des responsables d'institutions nationales et internationales, des Chefs d'Etats et des représentants de la CEDEAO, de l'UEMOA, de l'Union africaine, des corps diplomatiques ont été reçus ici à Ouagadougou.

Cette démarche de consultations tous azimuts a permis, faut-il le reconnaître, de jeter les bases de la forme de transition souhaitée. Elle a permis notamment de trouver un consensus autour du profil de la personnalité qui devrait diriger la vraie transition escomptée, à savoir un civil. La mission de ce président civil qui sera désigné par consensus pour conduire la transition n'excèdera pas un an, soit 12 mois, pas plus. En clair, le président de la transition devrait terminer le reste du mandat de l'ancien président, initialement prévu pour se terminer en novembre 2015.

On peut donc dire que les premières consultations de Zida, comme on appelle déjà le lieutenant-colonel au pouvoir, avaient produits des fruits fort appréciés par de nombreux Burkinabè au point d'accroître sa notoriété. Mais cette «bonne image» dégagée par le chef de l'Etat actuel a été quelque peu écorchée depuis ses déclarations faites lors d'une conférence de presse dans la soirée du 6 novembre dernier.

Lors des échanges, Zida a fustigé quelque peu l'attitude de l'Union africaine (UA) qui a pressé fort pour qu'il remette vite le pouvoir à un civil. Cette réaction pourrait montrer que le lieutenant-colonel veut gagner du temps et il n'aime pas subir une pression quelconque. Et pourtant, la pression dans un tel contexte est inévitable, voire nécessaire.

En effet, après le départ de l'ancien président, les Burkinabè doivent aller vite et bien pour ramener sur de bons rails le processus démocratique. L'histoire a, d'ailleurs, montré et démontré que si les militaires durent au pouvoir, ils ne veulent pas le quitter. Pour ne pas prendre encore de risque, la pression faite sur les «épaulettes» des militaires est compréhensible et justifiée. Du reste, pourquoi Yacouba Zida s'en prend vertement à l'UA, alors qu'il a décidé de confier le pouvoir aux civils? S'il arrivait à tenir sa promesse de remettre le pouvoir, il pourrait être même sollicité pour avoir donné l'exemple pour des missions au sein des organisations internationales comme l'UA. Pourquoi donc se plaindre inutilement même s'il n'a pas totalement tort, l'UA n'ayant rien fait pour empêcher Blaise Compaoré de ne pas réviser la Constitution, alors que ses textes l'interdisent?

En outre, lors de la conférence de presse, le Chef de l'Etat a surtout «plaidé», si on peut le dire ainsi, pour la cause des dignitaires de l'ancien régime. Alors que ce sont eux les responsables du CDP, du Front républicain, de l'ADF-RDA qui ont amené tous les problèmes en voulant tripatouiller aux forceps la Constitution pour satisfaire leurs égoïsmes personnels. Ces dignitaires ont joué comme disait l'ancien président Thomas Sankara, comme dans un casino: «Ils ont joué, ils ont perdu, c'est la règle du jeu, la vie continue». On ne comprend donc pas pourquoi Zida semble s'ériger en défenseur de leur cause perdue comme pour donner raison à ceux qui le soupçonnent d'avoir pris le pouvoir pour les protéger.

Quoi qu'il en soit, la dernière sortie du lieutenant-colonel a laissé perplexes plusieurs Burkinabè qui s'interrogent et s'inquiètent sur l'avenir même de la transition. Face à cette situation, il est préférable que Zida se contente de jouer le rôle qui est le sien, à savoir assurer l'intérim jusqu'à la désignation consensuelle du Chef de l'Etat de la transition. Celui-ci ne doit de ne pas «remuer le couteau dans la plaie» des Burkinabè qui ont souffert et ont même perdu leur vie. Il doit travailler plutôt à réconcilier les cœurs meurtris à cause de la boulimie du pouvoir du régime déchu. Telle est la condition sine qua nun pour lui de rentrer positivement dans l'histoire par la grande porte.

Les consultations sans cesse peuvent lui permettre de se faire, certes, une idée de ce que toutes les composantes veulent. Mais, les doléances qui lui seront adressées peuvent produire l'effet escompté. Il est temps donc pour le Chef de l'Etat d'arrêter les consultations avec certaines sensibilités dont certaines ont été prises en compte dans d'autres groupes. L'essentiel a été déjà fait.

Le Petit Hampâté

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