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Construction du barrage de Samandéni: demain, le gouvernement n’aura plus d’excuses!

| 27.07.2016
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Construction du barrage de Samandéni: demain, le gouvernement n’aura plus d’excuses!
© DR / Autre Presse
Construction du barrage de Samandéni: demain, le gouvernement n’aura plus d’excuses!
L’homme, de tout temps et de toute civilisation, a cherché à domestiquer l’eau par des dérivations, des canaux pour la conserver, l’utiliser ou s’en protéger en période de crue. Un barrage est un ouvrage artificiel qui coupe un cours d’eau. La principale raison qui conduit à réaliser des barrages est le stockage d’un grand volume d’eau pour qu’il soit disponible en cas de besoin. Un barrage donne à l’homme un réservoir d’eau.

Ce stockage est beaucoup plus économique que d’autres types de réservoirs dans la mesure où la capacité du réservoir d’un barrage est susceptible d’être employée pour l’irrigation des terres cultivées, l’alimentation en eau potable des collectivités humaines, la réduction des débits maximaux des crues, le stockage de l’eau pour la production d’énergie dans une chute équipée d’une usine électrique, la dérivation de l’eau dans un canal, l’élevage des poissons...

De nombreuses raisons légitiment donc la construction d’un barrage dont la principale est le développement agricole et environnemental. À l’échelle locale, la construction d’un barrage entraîne inévitablement la recomposition quasi complète des lieux. La montée du niveau de l’eau dans le réservoir étant à même de menacer les terres habitées, des familles sont obligées de quitter leurs habitations, où elles vivent souvent depuis de nombreuses générations, même si la construction du barrage et les aménagements auxquels elle donne lieu sont aussi le moyen d’accéder à une certaine modernité. Dans ces situations, le gouvernement décide de procéder au transfert des habitants de la région suivant le principe d’un «développement contrôlé». Il s’agit d’intégrer les populations au développement économique, à la construction et à l’exploitation du réservoir, tout en garantissant une amélioration notable de leurs conditions de vie en matière d’habitat, d’équipements, d’accès aux soins (dispensaires) et de scolarisation (écoles)...

Comme il s’agit d’un déplacement des populations dû à la mise en place d’un projet de développement, les personnes concernées (affectées) doivent bénéficier de la protection et de l’assistance de leur gouvernement. Il est une redondance de dire qu’il lui incombe en premier lieu d’assurer la sécurité et le bien-être de ses populations obligées de se déplacer. Oui, la responsabilité de l’État doit être complète à divers égards. Elle doit être prompte et bénéfique pour tous.

L’opportunité nous est offerte ici d’évoquer le cas des populations affectées par les travaux d’aménagement et de construction du barrage de Samandéni. En rappel, les villages concernés ont mis en place un Cadre de concertation pour défendre leurs intérêts. Pour ce faire, ils ont élaboré un document de plaidoyer (revendications) qu’ils ont transmis au gouvernement. Les populations de ces localités ont sans aucun doute un attachement particulier à leurs terres, qui rend tout déplacement encore plus pénible. Mais Dieu merci, elles ne se sont pas opposées à la construction du barrage. Une raison de plus pour le gouvernement de les rassurer en respectant et en honorant ses engagements. Cela signifie que le gouvernement doit s’attaquer au problème dans tous ses aspects, dans la concertation et le dialogue. En plus du mal que ces populations ont à quitter leurs terres, il ne faut pas les irriter davantage en refusant de satisfaire leur plateforme revendicative, si tant est que l’Etat dispose de moyens nécessaires pour s’en acquitter. Surtout que les populations de Samandéni ne sont pas très exigeantes: «Nous exigeons qu’à Samandéni aussi, l’on se réfère aux prescriptions du plan de gestion environnemental et social (PGES) du PDIS qui est le document de référence que nous avons tous approuvé et accepté en matière de délocalisation», se sont-elles exprimées le 23 juillet 2016 sur le site du barrage à l’occasion d’une rencontre de concertation.

Comment comprendre qu’un projet de l’Etat destiné à créer de la richesse, des emplois et lutter contre la pauvreté en milieu rural puisse s’exécuter en ne prenant pas en compte les aspirations socioculturelles et économiques des populations concernées dans un processus de délocalisation et d’indemnisation bien planifié et exécuté dans les délais? Pourquoi le Projet de développement intégré du barrage de Samandéni (PDIS), qui conduit depuis des années le processus de délocalisation et de réinstallation des populations affectées n’est jusque-là pas parvenu à délocaliser et à réinstaller les familles affectées dans des conditions minimales? Est-ce un problème de ressources financières ou la compétence humaine qui bloque le processus de délocalisation des huit mille (8 000) ménages qui constituent les dix-sept (17) villages affectés directement et indirectement par ce projet?

Le gouvernement de Blaise Compaoré et celui de la Transition n’ont peut-être pas bien géré ce dossier. Mais l’administration est une continuité. Pour ce faire, il faut souhaiter que les promesses qui ont été faites aux populations pour l’acceptation du projet dans la zone soient tenues par le gouvernement car c’est bien sur la base des prévisions budgétaires et du Plan de gestion environnemental et social (PGES) que l’Etat et ses partenaires ont mobilisé les ressources financières nécessaires à l’exécution de ce projet.

Il faut souhaiter enfin que les populations fassent des concessions et ne trouvent pas là une occasion rêvée de s’enrichir par des revendications excessives. Ou de détourner leur légitime lutte à des fins politiques. Quand bien même elles auront trop attendu, elles ont intérêt à dialoguer dans la discipline plutôt que de donner au gouvernement des dates fétiches et butoirs. Ce comportement est contraire à l’esprit républicain. Car, en définitive, elles sont les premières bénéficiaires de la réalisation du projet.

Dans la gestion de cet ancien dossier, des mécontents, il y en aura, de même que des manques à gagner. «On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs». Ce qu’il faut éviter, c’est l’inégalité des traitements et les écarts dans les indemnisations sans fondements et preuves tangibles. Cela peut provoquer de graves tensions au sein des populations.

En définitive, le gouvernement est vivement interpellé à gérer avec diligence et responsabilité les problèmes de Samandéni comme les populations concernées sont invitées à être plus conciliantes. Puisque le meilleur est devant nous.

Les Echos du Faso

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