Dans une circulaire datée du 9 septembre 2013, Yacouba Zerbo, maire de la commune de Tougan, convoquait les conseillers municipaux et régionaux à une session ordinaire le jeudi 3 octobre 2013 avec plusieurs points inscrits à l'ordre du jour dont, entre autres, la situation du recouvrement des recettes de la commune urbaine de Tougan au 31 août 2013, la priorisation des activités génératrices de revenus à réaliser, la relecture du règlement intérieur du Conseil municipal, etc.
Si certains conseillers sont venus participer aux travaux de la session, d'autres ont choisi de protester contre ce qu'ils qualifient d'« autoritarisme de l'édile et de sa gestion scabreuse des moyens et matériels de la commune ». Pire, dans une motion de défiance du jour, signée par quarante conseillers, ils « exigent la démission pure et sans délai du maire ».
Pour mieux comprendre les raisons de la défection de ces conseillers, nous avons rencontré le bourgmestre de la commune qui nous a livré son point de vue. Il a, certes, reconnu qu'il y a une tentative de boycott de la part de certains conseillers. Il y a certains qui sont en train de venir et des conseillers sont au Palais de justice ; d'autres ont des rendez-vous à l'hôpital. « Si malgré notre patience, le quorum n'est toujours pas atteint, nous serons toujours obligés de reporter la session à 15 jours après l'annulation de la présente. Je ne comprends pas pourquoi certains empêchent d'autres d'entrer dans la salle. Ils veulent assouvir des fins personnelles », a-t-il soutenu. Et de poursuivre en ces termes : « J'ai été élu avec une majorité écrasante. Comme il y a des gens qui étaient promis à ce poste et qui n'ont pas eu gain de cause, ils font tout pour casser mes efforts. Je suis là pour travailler. Vous pouvez déjà constater mes réalisations en ville. En six mois, je ne peux pas faire ce que d'autres n'ont pas fait en six ans ».
Tous les sentiers sont en construction. Cette session dont la tenue tenait tant à cœur au maire n'a donc pas eu lieu. Il s'est exprimé en ces termes : « Je cherche à être transparent pour la cité, la protection des citoyens. Je me battrai pour ça. Tenez, il n'y a jamais eu de passation de service entre l'ancien maire, Mathias Zerbo, et moi. Tout simplement parce que je voulais voir clair dans certains dossiers avant de signer. On voulait m'obliger à les parapher et j'ai mis sous réserve de vérification. L'autorité supérieure en est informée à travers mes écrits ».
En effet, certains conseillers reprochent un certain nombre de faits au maire de la commune. Selon l'un d'eux que nous avons approché, « dans le fonctionnement du Conseil municipal, c'est la majorité qui décide. Ce qui est très important chez nous, c'est la communication, le dialogue. Nous avons affaire à un responsable qui a banni ces préséances. Nous ne pouvons pas continuer dans ces conditions. Si on lui dit quelque chose, il s'enflamme. Il refuse toute communication. Ce qui est pire, c'est son manque de collaboration ». « Il n'a ni respect ni considération pour quelqu'un. A la réunion préparatoire pour accueillir la dépouille mortelle du Président Saye Zerbo, le maire a allumé une cigarette au milieu de tous. La responsable des femmes a attiré son attention. Il a rétorqué qu'il sait que ce n'était pas normal mais il a fumé quand même. Pour la préparation de l'ordre du jour des sessions, le maire a dit qu'il le fait avec le secrétaire général de la mairie, chose que le SG a démenti. Donc il le fait seul. Le budget de la mairie a fortement chuté ; et à Dédougou, le Directeur régional a même souligné que ce n'est pas possible. Nous avons déjà tenu des sessions ici à crédit. Pour avoir sa signature sur un document, il faut beaucoup négocier. Pire, il fait pression sur le secrétaire général pour qu'il change le contenu des PV de sessions. Toute chose qui a été même relevée au cours d'une session. Le maire utilise le véhicule de la mairie à des fins personnelles à Bobo. Toé Dado, sa conseillère à Zizi-dâ, a failli démissionner n'eût été les conseils des uns et des autres. Elle traite des documents que le maire rejette très souvent alors qu'il n'est jamais présent. Il y avait un projet de Zaï dans son village à Zizi-dâ qu'il a bloqué pour la simple raison que les habitants de son quartier n'en bénéficient pas. Ce sont ces raisons qui ont fait que nous avons refusé de participer à la session de ce jour.
Ce qui est sûr et certain, c'est qu'il y a une crise de dialogue et de confiance entre le maire de Tougan et une bonne partie de ses conseillers municipaux. Crise qu'il faut vite endiguer pour le bonheur de la commune », a-t-il précisé.
Bangréyemba
(Correspondant)
