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Commentons l’événement : Peut-on encore sauver le soldat Zida ?

| 06.07.2015
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Commentons l’événement : Peut-on encore sauver le soldat Zida ?
© DR / Autre Presse
Commentons l’événement : Peut-on encore sauver le soldat Zida ?
Peut-on encore sauver le soldat Zida ? Plus que jamais la question-titre de cet édito mérite d'être posée tant le sort du Premier ministre semblait être scellé à l'issue du long week-end de tractations tous azimuts que le président Michel Kafando a entreprises pour trouver une solution à la saison 3 des tensions récurrentes entre le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida et son corps d'origine, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP).


Elément déclencheur de cette nouvelle alerte, la présumée histoire d'arrestation du locataire de la Primature à son retour, le dimanche 28 juin de Taïwan sur fond de manipulation et d'intox, qui fait tanguer depuis le bateau de la Transition dont on se demande bien sur quel récif il finira un jour par s'échouer. Car comme ce fut déjà le cas lors des précédentes éruptions le 30 décembre 2014 et le 4 février 2015, les troufions du RSP, dont les chefs ont été entendus lundi dernier par la gendarmerie dans le cadre de cette ténébreuse affaire, exigent de nouveau le départ du gouvernement de son aile militaire, à savoir Zida et son cerveau, Auguste-Denise Barry du MATDS, ainsi que Ba Boubacar des Mines et de l'Energie et David Kabré des Sports et des Loisirs.

Là où les chosent se corsent pour le chef du gouvernement et ses fidèles, c'est que cette revendication itérative des hommes du lieutenant-colonel Céleste Coulibaly semble trouver ce coup-ci un écho favorable auprès de la haute hiérarchie militaire pour qui les personnes incriminées ne représenteraient que leurs propres intérêts dans tous les sens du terme et non l'armée.

Ce sont pourtant les mêmes aux barrettes et étoiles jusqu'à la mâchoire qui avaient adoubé le « petit lieutenant-colonel Zida » le samedi 1er novembre 2014 à l'état-major, heureuse coïncidence, le jour de la fête de l'armée. Ils avaient beau laisser entendre alors que c'était pour montrer la cohésion et l'unité d'une Grande Muette devenue trop bruyante et traversée par des querelles de clans, tout le monde savait que les galonnés, avec à leur tête le chef d'état-major général des armées, le général de division Honoré Nabéré Traoré, qui s'était autoproclamé président par intérim dès le 30 octobre au soir avant que Zida n'entre en scène avaient dû baisser les armes devant la puissance de feu du RSP. Et serrer les fesses devant son représentant.

A l'époque, beaucoup voyaient du reste d'un mauvais œil l'irruption de la soldatesque dans le jeu politique post-insurrection, de surcroît d'un officier qui est un pur produit du système Compaoré, mais la realpolitik voulait peut-être qu'on les eût dedans crachant dehors que l'inverse. Les voici aujourd'hui dedans crachant...dedans.

Pour autant faut-il sacrifier Zida, qui sortira forcément affaibli de cet épisode, sur l'autel de la Transition ? Nous pensons que non pour deux raisons essentielles. D'abord il n'appartient pas aux militaires, encore moins à ceux du RSP, de réclamer la tête du PM quand bien même ils pourraient avoir de nombreux griefs contre leur frère d'armes. Car si Mba Michel cède à ce chantage, la prochaine fois, c'est son propre fauteuil que les bidasses réclameront puisque leurs désirs seront dorénavant des ordres alors qu' en bonne démocratie, « les armes doivent le céder à la toge » sans hésitation ni murmure comme on dirait dans les bases de la discipline.

Mais surtout l'éjection de Zida et de ses fidèles lieutenants crisperait davantage une situation déjà suffisamment tendue et pourrait plonger le pays dans une crise politico-institutionnelle susceptible de plomber la Transition. A trois mois de la fin de leur contrat, un tel risque vaut-il la peine d'être pris ? Nous en doutons.

En même temps, en ne prenant pas la juste mesure de la colère noire des bérets rouges, le chef suprême des armées, face à un choix forcément cornélien, pourrait s'aliéner leur soutien et leur loyauté, ce dont il n'a certainement pas besoin. Mais quelle que soit la décision qu'il viendrait à prendre ou à ne pas prendre, il importe quand même au chef de l'Etat de remonter les bretelles à son plus proche collaborateur et de lui administrer un blâme si sa responsabilité dans les manigances de la semaine dernière est définitivement établie.

La Rédaction

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