Comment François Compaoré a chassé Blaise du pouvoir

| 11.11.2014
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Comment François Compaoré a chassé Blaise du pouvoir
© DR / Autre Presse
Comment François Compaoré a chassé Blaise du pouvoir
En politique, lorsque le parti politique devient la famille, toutes les vertus s'en vont. C'est ainsi que fonctionnent les organisations criminelles. La mafia, par exemple, chemine autour de la famille et des parrains. Le Burkina Faso, sous l'ère Compaoré, ressemblait à un groupe mafieux. Un groupe organisé autour de François Compaoré, le frère cadet de Blaise Compaoré. Voici comment François Compaoré a contribué à chasser son frère du pouvoir.

 

François Compaoré n'est pas un homme ouvert. Il ne donne pas l'impression d'une personne épanouie, heureuse. Il est énigmatique. Il a passé une bonne partie de sa vie derrière son frère de président, vivant dans l'anonymat total, jusqu'au début des années 90 où il décida d'en être l'un des conseillers. Un conseiller spécial de surcroît.

Dans l'éthique de la gouvernance, cela s'appelle du favoritisme qui peut engendrer un conflit d'intérêt entre la gestion des affaires familiales et celles de l'Etat. Encore que plusieurs observateurs reconnaissent que Blaise ne peut rien refuser à François.

A la présidence, François se découvre en lui-même un homme d'Etat. Il semble découvrir que la femme avec qui il partage une vie de couple mariée ne peut être une femme d'Etat. Un coup de foudre avec Salah, la fille d'Alizéta Gando Ouédraogo, et François bafoue les liens sacrés du mariage et convole en secondes nonces avec Salah, un mariage pompeux dont Ouaga se souviendra, après s'être converti à l'islam.

Depuis cette rencontre avec la fille d'Alizéta Gando, la vie de François va changer.

Salah sera au cœur de l'affaire David Ouédraogo. Ce dernier, chauffeur de François, a été accusé de vol de l'argent de Salah, 26 000 000 FCFA, chez François Compaoré. Arrêté puis torturé par la garde présidentielle qui fait office de grade de François, David Ouédraogo rendit l'âme.

Norbert Zongo, journaliste et directeur de publication du journal d'investigation L'Indépendant, publie une série d'articles sur le sujet. François est inculpé pour meurtre et recel de cadavre mais il ne répondra jamais à la convocation du juge d'instruction jusqu'à l'assassinat de Norbert Zongo. Le pays va connaître une grave crise sociale.

Le régime Compaoré s'en sortira grâce à l'intervention des chefs religieux et traditionnels.

Dans l'affaire David Ouédraogo, François et Salah Compaoré comparaîtront comme simples témoins.

Sorti de cette épreuve, il lance la FEDAP-BC pour liquider les ABC (dont on dit qu'ils étaient proches de Salif) et se mettre en scelle politiquement parce que les Roch, Simon et Salif lui faisaient ombrage au CDP. Pour soigner son image, il s'investit dans le sport: parrain de L'USSU-BF, membre de l'équipe dirigeante de l'EFO et de la CAF, etc. Il réussit à écarter ses rivaux du CDP. Sa belle-mère, Alizéta Gando, devient opératrice économique, entrepreneur et «mal causeuse». Les retards de chantiers, elle les connaît, mais personne pour attirer son attention. L'ex-Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, s'est senti obligé de réunir la presse sur le site de l'aéroport de Donsin pour constater le retard du chantier de construction des logements. Blaise Compaoré assistait à ce désordre sans rien dire, comme s'il craignait François et sa belle-famille. La dernière bêtise de sa belle-famille a été l'élection imposée d'Alizéta Gando à la tête de la Chambre de commerce et Blaise est resté silencieux. Place au népotisme, à l'affairisme et au conflit d'intérêt dit plus haut.

François Compaoré était devenu une personne incontournable dans le pays. Tout se décidait chez lui. Les marchés publics, les nominations, les recrutements, les présidents de fédérations de football, il faut avoir l'onction de François Compaoré ou rien. Les Burkinabè avaient peur de lui mais le détestait en douce. Ils détestaient aussi sa femme Salah, qui rêvait d'être première dame. Une future première dame qui se collait à son mari dans la moindre cérémonie. La preuve du rejet de François par les Burkinabè a été la destruction de sa villa qui faisait face à l'Université dépourvue de matériel de travail élémentaire.

Le rêve de François Compaoré d'être président du Faso a été brisé. Salah ne sera pas première dame et Alizéta Gando ne sera pas belle-mère de président.

François, Salah, Alizéta Gando ont contribué à leur manière à la chute de Blaise Compaoré.

Abouga Tagnan

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