Comme si on était à la veille de la révision de l’article 37

| 07.07.2015
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Comme si on était à la veille de la révision de l’article 37
© DR / Autre Presse
Comme si on était à la veille de la révision de l’article 37
Ce n'est pas alarmiste, encore moins pessimiste de penser, ou de dire que la situation actuelle du Burkina Faso, ou encore la crise ambiante dans laquelle on nage, est comparable à quelques exceptions près à celle que nous vivions quand une partie des Burkinabè avaient demandé la révision de l'article 37 de la Constitution. Car, plus que jamais, les Burkinabè sont bien divisés. Les civils ne le sont pas moins que l'armée. La transition qui devait travailler à créer les conditions pour un apaisement réel des cœurs dans un premier temps, puis dans un second temps, pour un début de réconciliation a plutôt travaillé, à tort ou à raison, à les opposer. Par la prise de mesures en déphasage avec les aspirations de l'insurrection et la bénédiction d'un Conseil national de la transition composé pour la plupart de personnes dont l'intolérance le dispute à la haine.


D'abord, le Code électoral révisé qui exclut des gros calibres de l'ex-majorité des compétitions électorales à venir apparaît comme une brèche ouverte pour permettre à certains partis politiques, ou à leurs candidats à la présidentielle de s'offrir le palais présidentiel. Naturellement, ce Code tel qu'il est actuellement, ne peut que constituer, comme l'article 37 que l'ex-majorité voulait réviser, une source de frustrations et de division du peuple.

Ensuite, l'opération mains-propres qui a consisté à poursuivre, arrêter et enfermer uniquement des barons ou des militants de l'ex-majorité est venue enfoncer le clou et apporter de l'eau au moulin de ceux qui disaient justement que la transition travaille contre une partie des Burkinabè. Parce que, des barons qui ont quitté le navire du pouvoir il y a juste un an, après avoir travaillé avec ce même pouvoir pendant plus de 25 ans, peuvent-ils être aussi propres ? En tout cas, ce qui saute à l'œil, est que les « malfrats » se trouvent uniquement dans le camp de l'ex-majorité. Ça divise les Burkinabè qui doivent aller très bientôt à des élections.

Enfin, les tergiversations, les volte-face et les démêlés du Premier ministre Isaac Zida avec une partie de l'armée n'ont pas rassuré les Burkinabè. Tantôt, Isaac Zida est contre la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), tantôt il est pour ; pendant ce temps, des Organisations de la société civile, jugées à tort ou à raison proches de lui, soutiennent qu'il faut le dissoudre. Alors que la hiérarchie militaire reconnaît l'utilité et la place du RSP dans notre armée.

En outre, en faisant auditionner des hauts gradés du même corps par la gendarmerie, pour tentative d'atteinte à sa sécurité personnelle, il a créé les conditions d'une opposition d'un corps d'armée à un autre. Mieux, l'accusation est assez grande pour passer, surtout dans l'armée. On peut croire qu'il danse la chanson de ceux qui vouent aux gémonies un corps dont il est issu et auquel il doit tout. Très vite, il devient, l'une des équations à résoudre pour la bonne marche et une issue heureuse de la transition et la cohésion au sein même des forces armées. En tout cas, c'est le vœu de l'armée.

Un vœu auquel le président de la transition, Michel Kafando ne peut ne pas accéder. Même le soutien de la coordination des partis politiques de l'ex-opposition n'y pourra rien. Une division de l'armée à cause de l'avenir d'une seule personne n'est profitable à personne. Zida a donc perdu la « lutte ». Reste à savoir son prochain point de chute.

Dabaoué Audrianne KANI

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