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CNT : Une société civile imbibée de politique

| 05.12.2014
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CNT : Une société civile imbibée de politique
© DR / Autre Presse
CNT : Une société civile imbibée de politique
Dés la publication de la liste des membres du Conseil National de la Transition (CNT), on a assisté à des réactions diverses pour dénoncer la présence de certaines personnes sur la liste des représentants des organisations de la société civile, pour la simple raison qu'elles sont connues pour être membres de partis politiques. Une situation qui atteste du peu de cas que beaucoup sur la scène sociopolitique font de la probité intellectuelle et de l'intelligence des Burkinabè pris comme des canards sauvages. D'ailleurs, nous l'avons dit à maintes reprises, OSC et partis politiques au Faso, même pipe même tabac. Mais ce qui est en cause ici, c'est que l'on veuille ruser avec la Charte de la transition qui se présente comme une boussole et doit être respectée par tous pour éviter au Burkina de devoir continuer à patauger dans la fange politique alors que le Peuple veut d'une vraie démocratie.


S'inspirant de la Charte de la Transition et certainement pour éviter la cacophonie à laquelle nous assistons pour ce qui est de la désignation des représentants des OSC devant siéger au CNT, de commun accord, les responsables des organisations concernées ont dressé des critères et conditions à cet effet et qui disent en clair : «Tout candidat aux fonctions de membre du Conseil National de Transition (CNT) au titre de la société civile doit être un civil qui n'est pas affilié à un parti politique (concerne toute personne occupant une quelconque responsabilité au sein d'un parti ou formation politique). Il doit en outre remplir les conditions particulières suivantes :

  • - Etre connu pour son engagement pour la défense des intérêts nationaux ;
  • - Avoir une bonne connaissance du fonctionnement des institutions et du travail parlementaire ;
  • - N'avoir pas soutenu le régime déchu. Le candidat ne doit pas notamment avoir soutenu le projet de révision de l'article 37 de la constitution ;
  • - Tout candidat doit s'engager à défendre les positions de la société civile et à rendre compte régulièrement à leurs mandants (Il doit produire un rapport des activités menées et des actions en cours). Tout contrevenant se verra remplacé par son caucus.
  • - Il doit justifier d'un bon niveau d'instruction et d'une culture politique (connaissance des enjeux et participation aux différentes luttes).

Mais comment se fait-il que nombre des représentants des OSC soient des militants en vue de partis politiques et donc ne remplissent pas la condition «être, un civil qui n'est pas affilié à un parti politique», condition somme toute majeure puisqu'elle permet d'éviter des amalgames en cernant clairement l'entité OSC qui évoluera dans l'institution CNT aux côtés d'autres entités que sont les partis politiques de l'ex-CFOP, ceux de l'ex-majorité et autres et enfin les forces de défense et de sécurité ; chaque entité étant affectée d'un nombre précis de sièges ?

En tout cas, ça vole de toutes parts pour dénoncer ce qui parait un holdup de la part des politiques contre les OSC. Car, des individus à double casquette ont usurpé des places qu'ils n'auraient pas dû occuper pour ne pas fausser le jeu. Ainsi par exemple Aziz SANA du Mouvement «ça suffit» serait de l'ADF/RDA, l'on dit Hervé OUATTARA du CAR émargeant au MPP, c'est d'ailleurs ce parti politique qui a mis en place sa structure ; Marie Madeleine SOMDA, Secrétaire nationale chargée des nouveaux talents et de la relève générationnelle du Bureau Politique National de l'Union pour le Progrès et le Changement (UPC) à l'issue du dernier congrès du parti doit siéger au CNT au compte de la société civile ; Yaya KARAMBIRI, le secrétaire général de l'AJLA/MPP, (les jeunes du Mouvement du peuple pour le progrès), par ailleurs, chargé des étudiants au sein du l'Union nationale de la jeunesse et membre du bureau politique du MPP, siège au CNT au compte de la société civile ; OUEDRAOGO Tanga Félix est proposé au compte des OSC alors qu'il est le Secrétaire à la Trésorerie de l'Union Nationale des Jeunes du MPP, bureau validé le 02 août 2014 au CENASA par le BPN du parti. Autant d'individus plus ou moins connus qui ne sauraient passer entre les mailles sans désorganiser le système et c'est pourquoi dans cette famille des OSC qu'ils disent être leur, il y a de vives réactions. Certains des accusés sont même reniés par leur structure. Ainsi, «Monsieur Aziz SANA est provisoirement suspendu de ses fonctions de coordonnateur Général du Mouvement «Ça Suffit». De ce fait, le mouvement «Ça Suffit» ne reconnaît pas sa participation au CNT au nom du Mouvement», déclare une note signée du Secrétaire général du Mouvement «Ça Suffit», Adama GUEBRE et de 15 autres membres du bureau du mouvement. Lors de sa dernière conférence de presse du 27 novembre dernier, «Le Balai Citoyen», évoquant les organes de la transition, se dit «attristé» de voir qu'en son sein, figurent des «intrus» et cela en «violation flagrante des principes édictés dans la Charte de la transition». Souleymane OUEDRAOGO, alias Basic Soul, responsable à la communication du «Balai citoyen», dira que ce CNT est «infesté d'éléments nuisibles à la démocratie burkinabè».

En fait ce qui se passe au CNT ne devrait surprendre ; c'est déjà la course de certains partis pour être en pôle-position voire contrôler cette institution majeure qui doit baliser le terrain pour recadrer la démocratie burkinabè. L'aire des OSC est bien là où certains partis peuvent s'imposer au travers des hommes liges qui y ont été placés et qui ont été nourris à leurs mamelles. C'est dire pour ce qui est réellement de la crédibilité de cette institution de la transition, il va falloir repasser. La lutte est déjà engagée par les partis politiques de premier plan pour mettre, chacun à son profit, les avantages de la situation sociopolitique présente et ce pour se ménager une bonne place pour la conquête du Pouvoir avec les élections à venir en novembre 2015. Les honnêtes citoyens burkinabè sortis manifester pour un changement qualitatif de notre démocratie ne sont pas loin de déchanter car les habitudes en milieu politique ont la peau dure. Alors tirons la sonnette d'alarme avec Me Guy Hervé KAM qui a dit ceci : «Ce qui s'est passé les 30 et 31 octobre ne doit pas être seulement un changement politique, mais doit aussi être un changement de mentalité. Or, ce que l'on constate, c'est le retour à la défense des intérêts personnels, notamment lorsqu'on regarde comment se déroule la désignation des membres au CNT, alors que l'intérêt général du peuple burkinabè devrait prévaloir. Je lance donc un appel à tous les citoyens burkinabè à mettre l'intérêt du peuple burkinabè au centre de la transition. L'insurrection burkinabè a été considérée partout dans le monde comme un exemple ; il faut que cela reste un exemple positif».

Ben Alex BEOGO

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