Climat des affaires: Michel Kafando boucle ses 100 jours à Kosyam...Le monde économique attend d'être rassuré

| 03.03.2015
Réagir
Climat des affaires: Michel Kafando boucle ses 100 jours à Kosyam...Le monde économique attend d'être rassuré
© DR / Autre Presse
Climat des affaires: Michel Kafando boucle ses 100 jours à Kosyam...Le monde économique attend d'être rassuré
Déjà classé 167ème sur 189 pays dans le rapport Doing Business 2015 publié en fin 2014, le Burkina Faso, qui a perdu à l'occasion 6 places par rapport à son classement de l'année d'avant, pourrait descendre encore plus bas si rien n'est fait d'ici-là pour relancer le monde des affaires qui semble patienter avec la Transition. Nombre d'investisseurs préfèrent en effet reporter ou différer leurs projets et ceux en cours sont gérés avec délicatesse en attendant des vents meilleurs. Mais au fait, qu'est-ce qui fait si peur à la communauté des affaires en ce moment au Burkina ?

 

Dans le rapport Doing Business sur le climat des affaires, les économies sont classées par rapport à la facilité d'y faire des affaires. Une note plus élevée indique un environnement réglementaire des affaires plus favorable à la création et au développement d'entreprises locales et vice versa. Le classement est déterminé en fonction des 10 thématiques Doing Business, qui sont elles-mêmes composées de sous indicateurs. Il s'agit des domaines de la création d'entreprise, de l'octroi de permis de construire, de raccordement à l'électricité, du transfert de propriété, d'obtention de prêts, de protection des investisseurs minoritaires, du paiement des taxes et impôts, du commerce transfrontalier, de l'exécution des contrats et du règlement de l'insolvabilité.

Sur tous ces domaines, en dehors de quatre dont deux où aucun changement n'a été enregistré, le Burkina Faso a opéré des replis allant de -6 à -2 points entre 2014 et 2015. En clair, sur l'année concernée dont les données ont été consolidées en juin 2014, notre pays n'a réalisé des progrès que dans le domaine de la protection des investisseurs minoritaires (+14) et dans celui de l'octroi des permis de construire (+1). Dans le même moment, aucun changement n'a été enregistré dans les domaines du commerce transfrontalier et de la réalisation des contrats.

Ces contre-performances étaient consécutives aux inquiétudes de la communauté des affaires par rapport à notre pays suite au projet de modification de l'article 37 du régime déchu et à l'incertitude qui pouvait s'ouvrir pour notre pays considéré à revenus faibles et très sensible aux crises de toute nature et aux chocs exogènes.

Balayé par l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le régime de Blaise Compaoré qui avait pourtant, au prix de réformes hardies, réussi à attirer ces dernières années de nombreux investisseurs étrangers a laissé la place à un gouvernement de transition conduit depuis plus de 100 jours par Michel Kafando. Plus de trois mois de pouvoir de transition qui auront certes permis de rétablir l'ordre et la sécurité, d'assurer la continuité du service public de l'Etat, mais n'ont pas encore réussi à ramener la confiance et la sérénité dans le milieu des affaires.

Bien au contraire, souvent acculé par la rue, le gouvernement de la Transition a donné l'impression d'un géant aux pieds d'argile, plus apte à manier la carotte que le bâton, donnant l'impression que le bateau Burkina, s'il n'est pas ivre, manque de capitaine ou de gouvernail. La conséquence, c'est un gouvernement qui a dû se séparer de deux ses ministres contestés par la rue, revenir sur sa décision de nomination d'un DG à la CAMEG se ralliant à la volonté des agents qui ont pratiquement imposé un DG intérimaire et qui a surtout reporté sine die sa journée d'hommage aux martyrs de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre, etc. Et les taches bien sombres de ce tableau, ce sont sans doute ces entreprises minières qui ont été saccagée ou paralysée, l'une après l'autre, face à un gouvernement impuissant sinon tétanisé, suite à des mouvements d'humeur ou à des manifestations de populations: les mines en construction de Tambao (PAN African Minerals Burkina), de Namissiguia (True Gold), de Inata/Belahouro (SMB), de Bissa Zandkom (Bissa Gold),... Et j'en oublie ! Et pour en rajouter à ce climat plus que délétère, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui manifeste à deux reprises, empêchant à sa deuxième sortie la tenue même d'un Conseil des ministres ! Certes le Président Kafando a fait montre à cette occasion d'une grosse habileté de diplomate pour ramener un peu de sérénité au pays accédant au passage à certaines revendications d'ordre corporatiste des soldats du RSP, mais les dommages étaient profonds.

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité