En effet, l’opposition a été voir le chef de l’Etat sur les dispositions du décret portant création, attributions, organisation et fonctionnement de la commission constitutionnelle. Qui, selon elle, posent de sérieux problèmes. Car, elles militent clairement en faveur de sa réécriture. Ce qui pour elle, n’apparaît pas comme une urgence car la situation actuelle du pays ne permet pas d’engager de l’argent pour un référendum. En outre l’opposition voit à travers la réécriture de la Constitution la possibilité de permettre à l’actuel locataire de Kosyam de passer au moins quinze ans à la tête de l’Etat. La loi n’était pas rétroactive, le mandat actuel de Roch peut ne pas être concerné par la nouvelle Constitution. Au regard de l’importance du sujet, elle assure qu’elle va faire de cette question un préalable au moment où s’installera la commission.
Les choses sont donc claires et nettes. L’opposition politique burkinabè doute de la sincérité du processus d’écriture de la nouvelle constitution qui vient d’être engagé. C’est pourquoi elle suspend sa participation à la commission de rédaction comme elle l’a fait en 2011, lors du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP).En son temps, l’opposition avait estimé que le CCRP dans sa forme est illégale et inapproprié, et inutile. Mieux, elle était allée plus loin dans son action en saisissant le conseil d’Etat d’un recours en sursis d’exécution du décret portant nomination des membres et du président du CCRP d’une part et d’autre part d’un autre recours pour demander l’annulation pure et simple dudit décret du fait de son illégalité. Va-t-elle en faire autant cette fois encore ? Il est clair que si l’opposition politique doit prendre part à la rédaction de la nouvelle Constitution, sa préoccupation doit être prise en compte. Toute chose qui va nécessiter une modification du décret portant création, attributions, organisation et fonctionnement de la commission constitutionnelle. Mais Roch et son gouvernement vont-ils céder à la requête de l’opposition politique ? Au moins une chose est sûre, le processus d’écriture de la nouvelle constitution va connaître des blocages. Car visiblement l’on s’achemine vers une ‘’bagarre’’ rangée entre l’opposition et le régime en place qui, il faut le dire tout nette, semble avoir aussi son calendrier bien établi.
Ousmane TRAORE