Dès que la décision a été prise, le président du Conseil national de la transition a été le premier à la dénoncer. Autrement dit, on peut même dire que son soutien aux contestataires a été le principal élément qui a renforcé la mobilisation contre la décision. Même si, par la suite il s'est rattrapé en demandant de surseoir à toute manifestation visant à installer un bras de fer avec le CSC, les éléments constitutifs d'une protestation étaient déjà réunis. C'est à ne rien comprendre. Sy Shériff n'est plus le journaliste pratiquant qu'il était du moment où il est le président du Conseil national de transition. En outre, en tant que tel, une telle décision ne devrait être prise sans qu'il en soit informé. Malheureusement, son opposition à la mesure montre qu'il n'a pas été associé, du moins informé d'une telle décision. Du coup, cela pose un problème. Le Conseil supérieur de la communication est-il si indépendant pour ne pas, au moins informer, les organes de la transition des décisions qu'il prend ?
Quant au gouvernement, il est resté silencieux sur la question jusqu'à ce que, lors d'un « Face à la presse », le ministre de la Communication réagisse pour dire que le Conseil supérieur de la communication est indépendant. Donc a, de ce fait, le droit de prendre une décision qu'il estime importante pour la cohésion sociale. Du reste, il a expliqué que les concernés par la mesure ont le droit d'ester en justice s'ils estiment qu'ils sont lésés. Même s'ils ne l'ont pas fait savoir, les organisations de la presse et les promoteurs de radios et télévisions, n'ont pas apprécié puisqu'ils sont passés directement à la manifestation de leur mécontentement. Si le gouvernement n'a pas dit ouvertement qu'il soutenait la mesure du CSC, il ne l'a pas désavouée comme l'a fait le président du CNT.
A la Présidence du Faso, la mesure de suspension ne semble pas faire chaud ni froid. Comme quoi, c'est leur problème, ils n'ont qu'à gérer. Ce qui est évident, est que « ça met tout le monde mal à l'aise ». A comprendre bien, on peut, au risque de se tromper, dire que de ce côté aussi, on semble ne pas suffisamment être au courant. Ou du moins, le partage de la mesure n'est pas correctement fait. Si bien qu'on s'est abstenu de tout commentaire.
A l'analyse, cette situation vient mettre à nu le tâtonnement qu'il y a à la tête de la transition. Apparemment, chacun étant venu de son milieu comme on sait, chacun défend son milieu. A défaut, on s'abstient. Du coup, la concertation sur les questions importantes qui doivent conduire à la bonne marche de la transition semble être la chose la mal partagée. Où on va alors ? N'est-ce pas ce qui inquiète les Burkinabè ?
Dabaoué Audrianne KANI