Ainsi, depuis le début de la crise, qu'on a tenté de maquiller par un complot pour l'arrestation du Premier ministre de retour de Taïwan, l'armée est restée ferme sur sa position. Les militaires doivent quitter le gouvernement de transition. Elle n'a jamais voulu négocier cette position, au risque de se voir divisée. Ce qui veut dire que les griefs contre le Premier ministre étaient suffisamment graves. Quand l'ex-majorité est sortie, à travers une conférence de presse, pour donner sa position qui rejoignait celle de l'armée, on a tout de suite crié (encore) au complot. Et mieux, on l'a même accusée de vouloir par cette démission qu'elle réclame, retarder le processus de transition.
Maintenant, tout le monde, (sauf certaines Organisations de la société civile), est unanime à reconnaître que le « caillou dans le haricot » de la transition, c'est bien le Premier ministre, et par ricochet, la présence de militaires au sein du gouvernement qu'il dirige. Et cela, parce qu'ils ont opéré des réformes contre la volonté de la hiérarchie de l'armée. Ce qui est un grand danger pour la cohésion de l'armée. A titre exceptionnel, Zida et les autres lieutenants-colonels veulent être des généraux. Ils ont donc « taillé une loi » à leur mesure. Exactement comme on le reprochait à l'ancien régime. N'est-ce pas parce que Blaise Compaoré voulait faire réviser l'article 37 de la Constitution à sa mesure pour se représenter à l'élection présidentielle de 2015 qu'il y a eu l'insurrection populaire ?
De retour de Côte d'Ivoire, le Premier ministre accueilli par des Organisations de la société civile qui lui sont proches, ou instrumentalisées à cet effet, a déclaré que certains Burkinabè n'ont pas de mémoire. C'est tout à fait le contraire, car les stigmates de l'insurrection populaire sont vivaces dans les esprits de tous ceux qui ont subi, d'une manière ou d'une autre, quelque préjudice. Finalement, on peut dire que ce sont ceux qui profitent de la transition, donc du malheur des insurgés et de ceux qui ont subi des dommages, qui ont déjà oublié les 30 et 31 octobre. L'excitation aveugle et éhontée de certaines OSC peut bien trouver son explication de ce côté-là.
En quoi le départ d'un Premier ministre ou des autres militaires du gouvernement peut-il perturber la bonne marche de la transition ? La période de flottement, après l'insurrection populaire, a duré au moins une vingtaine de jours. Mais, les Burkinabè ont su trouver à temps les ressources nécessaires pour permettre à leur pays de poursuivre sa marche vers la paix et le développement. Que Michel Kafando fasse vite pour ne plus perdre davantage de temps.
Dabaoué Audrianne KANI