En effet, le Régiment de sécurité présidentielle sait très bien qu'il n'est pas en bonne place dans beaucoup de cœurs de Burkinabè. Les images de certains de ses membres qui ont circulé sur les réseaux sociaux pendant et après les événements des 30 et 31 octobre sont encore fraîches dans les esprits. L'affaire Norbert Zongo dans laquelle certains de ses éléments sont soupçonnés est encore vivace dans les esprits. Elle attend toujours devant les juridictions. Le dossier David Ouédraogo, où certains de ses éléments sont directement impliqués n'avait pas fini de vider son contentieux dans les cœurs et les esprits de nombreux Burkinabè. Au regard de tout cela, il fallait se taire ; même quand on est militaire, quand on est respectueux de la hiérarchie. Car, le contexte dans lequel se trouve le Burkina Faso ne semble pas d'accord avec tous les points.
Sinon, Isaac Zida, Premier ministre sait très bien que ce genre de nominations ne passent pas dans l'administration, encore moins dans l'armée. Mais il les a faites. Interpellé une première fois, il n'a pas obtempéré. Alors qu'il savait très bien qu'il pouvait résoudre ses questions entre lui et ses frères d'armes d'une part et entre lui et ses éléments en tant que ministre de la Défense et des Anciens combattants. Est-ce à dire que les dissensions étaient telles qu'il fallait nécessairement passer par le scénario qui nous a été donné de voir ? En tout cas, si c'est un coup de pub ou politique, Zida l'aura réussi. Car, finalement, le grand gagnant dans cette affaire, c'est bien lui. Il se refait ainsi une assise puisque, apparemment c'est lui que les organisations de la société civile et de partis politiques soutiennent.
Mais à contrario, les relations entre lui et ses frères d'armes, surtout du RSP ne seront plus jamais au beau fixe. Même si les discutions ont permis de remettre les choses en place, sauvant ainsi la face des uns et des autres. Bref. Ce qui importe ici, ce n'est ni ce que chacun en tire comme profit, mais le fait que la transition ne saurait souffrir des calculs mesquins des uns et des autres. Néanmoins, il faut accepter de revoir le mode des nominations à tous les niveaux. N'est-ce pas que depuis le début de la transition, ce sont surtout sur ces questions qu'il y a problème ?
Dabaoué Audrianne KANI