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C’est Blaise qui est parti, sinon y a rien !

| 10.12.2014
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C’est Blaise qui est parti, sinon y a rien !
© DR / Autre Presse
C’est Blaise qui est parti, sinon y a rien !
Quand j'ai entendu, de jeunes gens le poing levé, à la place de la Nation rebaptisée place de la Révolution, avec à leurs côtés des colonels de l'armée scander: «plus rien ne sera comme avant dans ce pays» (quand bien même que ce n'est pas la première fois que j'entends une telle phrase), je me suis dit qu'enfin le changement ce pourrait être maintenant. Comme l'a aussi professé ce président français alors qu'il sollicitait les voix des électeurs pour se rendre compte quelques deux années après que «ce n'est pas facile».


En effet, si changement il doit y avoir, si plus rien ne sera comme avant dans ce pays, c'est dans les têtes qu'il faut que ça change. Malheureusement, pour l'instant, rien n'a encore changé. Ce qui peut bien hypothéquer le changement tant souhaité et attendu. Tout simplement parce que si les choses doivent se passer comme elles le sont, il faut tout de suite dire que rien ne changera ici. Ce n'est pas du Fasopessimisme, mais un constat.

Quand j'ai écouté, lu et examiné le premier Conseil des ministres d'après insurrection, franchement je n'ai rien trouvé de différent que ce qu'on connaît jusque-là. Non seulement, le conseil s'est tenu un mercredi comme d'habitude de 9 heures du matin à 14 heures de l'après-midi, mais «il a délibéré sur les dossiers inscrits à son ordre, entendu des communications orales, procédé à des nominations et autorisé des missions à l'étranger». Autrement dit, que ce soit dans la forme ou dans le fond, tout est comme avant.

Le décret n°25 pris par le «Président du Faso, Son Excellence Michel Kafando» nomme le Commandant Théophile Nikiéma... chef d'Etat-major particulier du «Président du Faso». Alors qu'on croyait qu'en décidant de se séparer de façon aussi fracassante du Général Gilbert Diendéré, Michel Kafando signait l'arrêt de mort du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Que nenni, on y a appelé du sang neuf, plus jeune pour refaire les troupes. Quel sera le rôle d'un Général Honoré Nabéré Traoré, comme conseiller spécial du président du Faso, alors que celui-ci a son chef d'Etat-major particulier, et que le ministère de la Défense et des Anciens combattants est détenu par le Premier ministre, lui-même militaire? Si ici, tout peut porter à croire que plus rien n'est comme avant, il est difficile de se retrouver dans un tel présent.

Les Burkinabè continuent malheureusement d'insulter leurs mamans dans la circulation parce que personne ne veut respecter aucun code de la route. Et de ce fait, chacun pense qu'il a raison. Sur le net, il faut souvent se garder de lire les réactions de certains forumistes qui puent, si elles ne sont pas elles-mêmes, la haine, l'intolérance, et le refus de l'acceptation de l'autre. Dans le milieu politique, surtout dans ce milieu, on fait très peu de choses pour avoir un langage courtois, propice à la réconciliation et aux vœux de la majorité des Burkinabè: vivre ensemble pour que désormais, plus rien ne soit effectivement comme avant dans ce pays.

Le changement, ça ne se décrète pas sur une place publique, ce n'est pas non plus de belles paroles. Mais, c'est tout un comportement, un engagement pour l'avenir. Pour que plus rien ne soit comme avant. Sinon, pour l'instant, tout est comme avant.

Dabaoué Audrianne KANI

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