A la lecture du rapport de la commission de réflexion sur la restructuration du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) rendu en avril dernier, l'on a l'impression que l'on recherchait juste un document pour justifier le refus de la dissolution de cette troupe. A commencer par la composition de la commission dont tous les 10 membres qui ont signé le rapport sont des militaires, et le choix de son président, qui s'est lui-même déjà prononcé publiquement contre la dissolution du RSP, les dés semblaient déjà pipés.
Arrêtons de montrer des vessies à la place des lanternes. Les membres de la commission ont néanmoins fait des propositions pertinentes, même si leur démarche partisane dans l'identification des avantages et inconvénients d'une dissolution ou d'un maintien du RSP est cousue de fil blanc. Est de celles-là, le changement de nom du régiment, qui pourrait devenir Groupement des forces d'intervention rapide (GFIR), Groupement spécial d'intervention rapide (GSIR) ou Groupement des forces spéciales républicaines (GFSR). Cependant, en déconseillant la délocalisation totale du RSP sous prétexte qu'il doit conserver la mission de protection du chef de l'Etat et rester à proximité pour intervenir rapidement en cas de besoin, le général Gilbert Diendéré et ses camarades d'armes cachent mal leurs intentions. Autant il est vrai qu'en matière de sécurité, la meilleure position c'est la proximité, autant il arrive que la pire des positions, celle qui facilite l'exécution rapide et efficace des coups d'Etat, soit cette même proximité. La commission se trahit du reste en voulant utiliser le vernis du changement de nom pour cacher leur intention manifeste de permettre aux responsables du RSP de rester dans les murs ou le cœur du pouvoir pour le maîtriser, le faire et le défaire à leur guise. Et contrairement à ce que dit le rapport, dans aucun pays où règnent une démocratie véritable, un Etat de droit réel, où les institutions sont tellement fortes que les hommes n'ont pas besoin d'être forts pour être grands et trop en sécurité, l'on ne trouvera une caserne militaire à l'intérieur du palais présidentiel, à l'image du camp Naba Koom, qui échappe même au commandement de l'état-major des armées. En un mot comme en mille, l'on peut comprendre la légitimité d'un penchant à vouloir conserver l'unité de corps du RSP et les avantages qu'ils ont déjà acquis. C'est humain et c'est normal. Mais de là à vouloir, même après un changement de nom, rester à Kosyam pour prétendre s'occuper de la sécurité d'un chef d'Etat qui a déclaré publiquement n'avoir pas besoin de toute une unité pour s'occuper de sa sécurité, il y a plus qu'un agenda caché que l'on n'a en réalité pas besoin de fournir un effort particulier pour découvrir. L'histoire du RSP elle-même en dit long.
Les Echos du Faso