Quand Roch désavoue Simon Compaoré

| 08.07.2016
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Quand Roch désavoue Simon Compaoré
© DR / Autre Presse
Quand Roch désavoue Simon Compaoré
A la rencontre avec les représentants des partis politiques conduits par Zéphirin Diabré, Chef de file de l’opposition politique (CFOP), le président Roch Marc Christian Kaboré a présenté ses excuses à l’opposition parce que son ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure a empêché par deux fois deux d’entre eux de voyager. Pour des raisons qui n’ont jamais été expliquées au peuple burkinabè qui veut les connaître. Aussi, pour ne pas dire plus, le président a qualifié cela de « malentendus et d’erreurs » et a pris l’engagement que de telles entraves ne se reproduiront plus. Cinglant et humiliant.


Publiquement, le président Kaboré a désavoué son ministre de la Sécurité intérieure. Celui-là même qui disait, il n’y a pas longtemps, que « nous avons des informations que vous n’avez pas », « et ne pas singulariser les cas Achille et Zambendé », parce que tous les jours ça arrive ici au Faso et partout ailleurs. Quelles sont ces informations que peut détenir le ministre de l’Intérieur sans les partager avec le président du Faso, son patron, à tel point que celui-ci en vienne à dire publiquement que ce sont des « malentendus et des erreurs qui ne se reproduiront plus » ? A vrai dire, si le président Kaboré était suffisamment informé de ce qu’on leur reprochait, Achille et Zambendé n’auraient pas été débarqués par deux fois d’Air Burkina. Est-ce donc à dire que Simon n’informe pas suffisamment son président ? Si non, est-ce à dire que lui-même est mal renseigné ? Et pourquoi ? Si cela devait être le cas, sommes-nous véritablement en sécurité ?

Bref ! Nous l’avons déjà dit et redit dans les mêmes colonnes. Un pouvoir à trois têtes dans lequel chacun veut affirmer sa puissance, son rôle et ses engagements, réussit toujours difficilement au temps. On n’a pas besoin d’être un devin, un voyant ou un astrologue pour le savoir. Les exemples sont tellement nombreux et assez récents que cela saute aux yeux.

Ce qu’il faut donc saluer dans cet avoue du président Kaboré, c’est son honnêteté, son courage, son humilité et son engagement à respecter sa parole. Rarement, en tout cas sous nos tropiques, un président est revenu autant en arrière pour reconnaître les « malentendus et les erreurs » de l’Exécutif dont il est le patron et demander des excuses à ceux-là même qui, par principe, cherchent sa place de président. Ainsi donc, Roch Marc marque son territoire, affirme son leadership car désormais, le président c’est lui et personne d’autre. Dans tous les cas, cinq ans c’est bientôt arrivé et il devra rendre compte.

A la place de Simon Compaoré, j’en tirerai tout simplement les conséquences. Parce que, comme on dit vulgairement en Afrique, quel visage le tout puissant ministre d’Etat qu’il est, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure peut-il encore présenter pour convaincre les Burkinabè qu’il travaille réellement dans leur intérêt ? Quand on ajoute à cela toutes ces questions de Koglwéogo, de lutte contre ceci ou cela qui n’ont jamais abouti, on a envie de dire que la coupe est pleine. N’est-ce pas ?

Dabaoué Audrianne KANI

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