Pourtant, selon le même Jeune Afrique (28/02), il reste en contact avec son ancien chef d'état-major particulier, Gilbert Diendéré, souvent présenté comme le patron de fait du fameux Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP), dont il reste le mentor incontestable. Ce bras droit de Compaoré s'était affiché au premier rang, en novembre, lors de la cérémonie d'investiture du président de transition Michel Kafando, qui, sous pression de la rue, l'avait rapidement démis de ses fonctions. Le gouvernement de transition burkinabè ne s'est pour autant pas débarrassé de lui et n'a pas dissout le RSP, une revendication pourtant centrale de la société civile. Par deux fois les hommes du RSP ont empêché la tenue du Conseil des ministres, fin décembre et début février, demandant en vain la démission du Premier ministre (issu de leurs rangs et qui s'est engagé mi-décembre à dissoudre cet Etat dans l'État), mais obtenant la nomination de leur patron officiel, le Colonel Boureima Kéré, comme nouveau chef d'état-major particulier du président. Un tortionnaire, selon un récent témoignage sur une radio locale rapporté par le site www.thomassankara.net. Autre symbole du verrouillage en cours, le successeur de Kéré à la tête du RSP est le Lieutenant Colonel Moussa Céleste Coulibaly, ex-aide de camp de Blaise Compaoré, qu'il a accompagné dans sa fuite au Maroc et en Côte d'Ivoire, et qu'on devine encore en lien étroit avec lui.
Le général Diendéré, omniprésent, a participé aux négociations lors de ce bras de fer avec le pouvoir de transition. Cédant à la pression de ce corps d'élite qui refuse sa dissolution, le président de transition a mis en place une commission chargée de proposer une évolution du RSP. Mais Diendéré a déjà expliqué que l'évolution ne pourra pas se décider avant les élections prévues au terme du processus de transition, en octobre... auxquelles le bruit court qu'il pourrait d'ailleurs être candidat.
Alors que le renversement de Compaoré devrait le pousser à faire profil bas, Diendéré renvoie étonnamment l'image, arrogante, d'être incontournable. Selon les propos d'un « militaire de haut rang » rapportés par Jeune Afrique (22/02), « ce serait du gâchis de ne pas profiter de ses compétences et de ses contacts, notamment avec les militaires français, dont il reste un interlocuteur privilégié ». Il a en effet eu, pendant 27 ans, le loisir de tisser des liens étroits avec ses collègues français (cf. Billets n°241, décembre 2014).