Certes, sur le plan de la dynamique démocratique, la possibilité pour les uns et les autres d'exprimer leurs différences est une bonne chose. Mais, la crainte est qu'à long terme, si aucune solution consensuelle n'est trouvée, la situation prenne une autre tournure. Les tiraillements peuvent en effet déboucher sur des actes de violences préjudiciables à la paix sociale. Par ailleurs, l'enlisement de la crise pourrait avoir pour effet de rendre la destination Burkina peu sûre, à l'instar de certains pays en crise. En tout état de cause, le pays perdrait plus qu'il ne gagnerait dans le prolongement de la confrontation. Malheureusement, on est enclin à croire que c'est parti pour une longue période d'incertitudes, au moins jusqu'en 2015. Ce, d'autant que personne, en dehors des alchimistes aux desseins inavoués, ne sait si le président procédera ou pas à la révision de l'article 37 de la Constitution. L'enjeu, c'est de savoir s'il partira au terme de son dernier mandat légal ou s'il briguera, à nouveau, la magistrature suprême. C'est un rendez-vous avec l'histoire pour Blaise Compaoré, mais qu'il tarde à assumer. Le Pr Augustin Loada a très bien résumé ce caractère aléatoire de l'avenir politique du Burkina dans une interview accordée à « Le Quotidien », du vendredi 26 juillet 2013 : « Cette situation reflète une incertitude qui est intolérable, aussi bien du point de vue humain que constitutionnel. Un Etat de droit est fondé sur la prévisibilité des règles. Si cela n'est pas une réalité, il n'y a pas d'Etat de droit ».
La démocratie burkinabè, il faut l'avouer, fonctionne au coup par coup. Par doses homéopathiques, des réformes sont introduites, qui font avancer la démocratie, ou qui laissent croire à des calculs politiciens. De sorte que bien des pays de la sous-région, à qui pourtant le Burkina a apporté assistance en tant que médiateur, sont en avance en bien des domaines, notamment les candidatures indépendantes et la limitation stricte des mandats présidentiels. On dira que chaque pays va à son propre rythme, selon ses propres réalités. Cela n'est pas faux. Mais il ya des fondamentaux auxquels aucun pays, qui se veut démocratique, ne peut se soustraire. C'est ce challenge que le Burkina doit, à nouveau relever à l'orée de 2015, considérée comme une étape majeure pour le pays. Soit il capitalise les acquis démocratiques même insuffisants, soit il les brade. La course vers cette échéance primordiale a déjà commencé avec la polémique autour du Sénat .
La Rédaction